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Les billets du Père Lucien Marguet
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23 mai 2007

La grâce et les sacrements

On peut être aimé par ses parents sans jamais se laisser manifester cet amour par des gestes ou des signes ostentatoires. Dieu aime tous les hommes mais, par ignorance, négligence, résistance ou refus, l'homme peut vivre sans répondre à cet amour et, plus encore, refuser de s'afficher en sa présence. Des couples écartent le mariage sacrement. Des parents ne baptisent pas leur enfant. "On ne le baptise pas maintenant. Il choisira lui-même plus tard."

Si la grâce est répandue gratuitement, elle ne force jamais la porte des consciences et ne produit pas ses effets sans solliciter la bonne volonté et, mieux encore, l'acceptation et l'adhésion. Dans le don de la grâce que sont d'une façon exceptionnelle les sacrements, Dieu fait signe de sa vie et de son amour, de son pardon. Chaque sacrement est une rencontre croyante que l'Eglise a reçu la charge d'organiser et de favoriser, de célébrer. Se priver de la grâce des sacrements offerts relève des occasions manquées de boire à la source.

Cela ne signifie pas que ne seront sauvées que les personnes recevant habituellement les sacrements. La grâce de Dieu n'est pas non plus réservée à une élite que Dieu prédestinerait lui-même selon des critères secrètement définis par lui. Cette grâce n'est pas davantage liée et conditionnée par des mérites que chacun(e) serait tenu(e) de faire valoir, un peu comme une rétribution découle "d'œuvres" accomplies ! La liberté de Dieu est donc d'offrir toujours sa grâce de charité et de vie, et la liberté de l'homme peut être de l'ignorer, de la refuser ou de l'accueillir. En sachant aussi que la grâce n'est pas une fin en soi mais une invitation permanente du Père à approfondir et à renforcer ses liens avec les enfants de la famille humaine.

Les sacrements sont en effet des temps forts de rencontre avec Dieu vécus en Eglise. Comme le grain n'est pas semé sans espoir de récolte, comme la pluie ne tombe pas dans la terre sans ce que celle-ci ne se sente incitée à donner la sève aux plantes. Dans les sacrements, la grâce de Dieu n'est plus seulement intime et intérieure, elle est rendue visible par l'assemblée croyante qui participe à la joie du don que Dieu fait. De ce fait, le choix et la célébration des sacrements concernent aussi la communauté des chrétiens. Celle-ci doit, de multiples façons, témoigner de la grâce reçue comme un don qui ressource les vertus qu'elle déploie par ses initiatives et ses façons de vivre.

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