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Les billets du Père Lucien Marguet
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23 mai 2007

L' Abbé Pierre : "Il a essayé d'aimer"

Il s'appelait Henri Grouès. On lui donna le nom de Pierre quand il entra dans la résistance contre le nazisme. Il fit passer des Juifs en Suisse. Sa capacité à la lutte, non violente et déterminée, illustra à merveille ce nom de Pierre qui évoque la solidité et la fermeté.

Parmi toutes les sources qui lui ont fourni l'énergie spirituelle pour accomplir son formidable parcours humain et chrétien, il faut d'abord citer sa famille, bourgeoise de Lyon, pour qui posséder de l'argent et des talents invitait surtout à les développer et les mettre au service de la vie de tous.

Articulé à l'éducation familiale, le scoutisme auquel il a participé durant son enfance et son adolescence l'a également encouragé à faire de sa propre vie ce qu'il voyait faire à son père dans la sienne : secourir et servir. Ses compagnons scouts lui avaient donné pour nom de totem "Castor méditatif". Ce vocable sera pleinement exprimé par sa personnalité à la fois réactive et entreprenante et dans le même temps par sa quête incessante d'intériorité aimantée par la miséricorde d'un Dieu d'Amour sans bornes.

Enfin, la troisième source qui est venue rejoindre les deux autres pour faire ensemble de sa vie un torrent impétueux fut la spiritualité franciscaine. Il entretint toujours le sincère désir de conformer sa vie aux vœux de pauvreté, d’obéissance et de célibat consacré.

J'ai un souvenir personnel de l'abbé Pierre. C'était lors de la messe des funérailles combien émouvantes et priantes de l'Abbé Joseph Wresinski à Notre-Dame de Paris. En présence d'une assemblée composée des plus hautes autorités de l'Etat, d'acteurs et d'alliés du mouvement ATD Quart Monde et des plus pauvres de la société, l'abbé Pierre avait concélébré avec le cardinal Lustiger et de nombreux prêtres dont j'étais. Alors que nous étions revenus à la sacristie, il nous confia combien il se sentait proche de son ami Joseph. Tous deux ne voulaient-ils pas sauver les pauvres de la misère en leur donnant l'occasion de devenir eux-mêmes sauveurs ? L'abbé Pierre, fils d'administrateur de sociétés textiles, rejoignait les convictions et l'inspiration du Père Joseph, fils d'immigrés polonais miséreux. Tant ATD qu'Emmaüs sont devenus dans le monde des mouvements que les deux abbés ont confiés à des laïcs de grande pointure "humaniste"... Gageons que les deux fleuves n'oublieront pas les sources d'où ils viennent !...

L'abbé a demandé que soit inscrite sur sa tombe en épitaphe cette simple phrase : "Il a essayé d'aimer"...

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