Toussaint
La liturgie rapproche la Toussaint et la Fête des morts. Il est opportun que ce rapprochement soit proposé au mois de novembre. Le grain semé qui pousse dans l'obscurité nous permet de comprendre ou au moins d'entrevoir ce qui nous reste caché. Nos défunts échappent au regard. Dans un cimetière nous visitons une tombe. Nous sommes envahis d'un sentiment d'absence. Ces êtres qui nous sont chers ont disparu de devant nos yeux.
Or c'est ici que la foi chrétienne transforme notre regard. La mort n'est pas pour le croyant l'ultime étape de la vie. Elle subit la mystérieuse intervention de Dieu. Elle ouvre à cette croissance cachée qui conduit à la Résurrection. Il ne s'agit pas de nier la réalité et de se consoler. La perte n'est pas atténuée. L'amour blessé n'est pas guéri. Il s'agit d'accueillir cette vérité que tout n'est pas fini.
Certaines religions du monde conservent un espoir d'immortalité. D'autres croient en la réincarnation de leurs morts, vivants autrement. Mais le christianisme seul affirme que notre chair, notre personne et tout ce qui lui donne sa singulière identité sera sauvée. La transformation de la mort n'est pas un appauvrissement. On parle d'un "corps de gloire", tant il est vrai que c'est l'homme vivant qui est la gloire de Dieu. Cette chair créée par Dieu, assumée par Dieu dans l'Incarnation, ne peut disparaître à jamais. La vie n'est pas seulement celle de l'âme ou de l'esprit. Elle est aussi profondément celle de la chair.