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Les billets du Père Lucien Marguet
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6 décembre 2007

Toussaint

Le mois de Novembre est bien décidément le mois des saints et des morts. Il nous achemine vers l'hiver. Les jours raccourcissent, le ciel s'assombrit. Nous visitons les cimetières en manteau et sous la pluie. Tout semble bien indiquer que la fête des Saints et celle des morts inaugurent le mois de novembre. Pourtant, le grain semé dans la terre n'est pas mort. Il ne pourrit pas. De lui sort lentement la vie. La mystérieuse croissance du grain qui va germer et porter du fruit nous transmet plus qu'une simple image. La semence jetée en terre ne meurt pas, sa vie cachée porte en elle une puissance féconde. Après des semaines d'invisible croissance, elle va surgir, germer et pousser. Elle offrira son grain au moissonneur.

La liturgie rapproche la Toussaint et la Fête des morts. Il est opportun que ce rapprochement soit proposé au mois de novembre. Le grain semé qui pousse dans l'obscurité nous permet de comprendre ou au moins d'entrevoir ce qui nous reste caché. Nos défunts échappent au regard. Dans un cimetière nous visitons une tombe. Nous sommes envahis d'un sentiment d'absence. Ces êtres qui nous sont chers ont disparu de devant nos yeux.

Or c'est ici que la foi chrétienne transforme notre regard. La mort n'est pas pour le croyant l'ultime étape de la vie. Elle subit la mystérieuse intervention de Dieu. Elle ouvre à cette croissance cachée qui conduit à la Résurrection. Il ne s'agit pas de nier la réalité et de se consoler. La perte n'est pas atténuée. L'amour blessé n'est pas guéri. Il s'agit d'accueillir cette vérité que tout n'est pas fini.

Certaines religions du monde conservent un espoir d'immortalité. D'autres croient en la réincarnation de leurs morts, vivants autrement. Mais le christianisme seul affirme que notre chair, notre personne et tout ce qui lui donne sa singulière identité sera sauvée. La transformation de la mort n'est pas un appauvrissement. On parle d'un "corps de gloire", tant il est vrai que c'est l'homme vivant qui est la gloire de Dieu. Cette chair créée par Dieu, assumée par Dieu dans l'Incarnation, ne peut disparaître à jamais. La vie n'est pas seulement celle de l'âme ou de l'esprit. Elle est aussi profondément celle de la chair.

Les saints portent profondément témoignage de cette espérance. Ils n'ont pas gardé leur vie pour eux-mêmes. Ils se sont consumés dans le service du prochain et pour l'amour de Dieu. Dès cette vie ils ont accepté de tomber en terre et d'être ensevelis pour porter des fruits dans l'avenir. Ils ont donné leur vie. Ils ont part à la vie éternelle. Ceux qui ont perdu la vie, nos défunts, ont part à la même espérance que celle des saints. Les saints ouvrent la voie. Ils nous montrent le chemin. Au dernier jour nous serons tous appelés à la résurrection, et "de nos yeux nous verrons Dieu". En rapprochant les saints et les morts les 1er et 2 novembre, le christianisme nous enseigne que la mort a définivement perdu la partie.

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