Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
29 mai 2008

Après le jugement de la justice des hommes...

Après l'accomplissement obligé, obstiné et méthodique de la justice des hommes et la sentence prononcée au nom de la société humaine, beaucoup se posent la question du jugement de Dieu. "Si M. Fourniret et Mme Olivier demandaient à être entendus en confession, comment réagiriez-vous ? " m'a-t-on déjà plusieurs fois demandé.

J'ai répondu en résumé ceci. J'assortirais l'absolution des péchés de l'obligation de faire savoir publiquement le regret des méfaits accomplis et jugés. Portée à la connaissance de tous, cette demande de pardon pourrait constituer une forme certes minimale de repentir et de réparation. L'aveu des péchés commis et une ferme contrition, c'est-à-dire un désir sincère de changer fondamentalement de comportement, sont nécessaires à l'accueil du Pardon de Dieu.

On m'a aussi questionné sur la possibilité de salut pour le cas où il n'y a aucun regret du mal commis. Condamnés à perpétuité par la justice des hommes, le sont-ils de la même façon par celle de Dieu ? Dieu calque-t-il son jugement sur celui des humains ? J'ai répondu ceci : le Pardon de Dieu n'est pas tributaire de celui des hommes, pourtant il s'y intéresse de près. Je sais que l'on est souvent réticent à l'idée de pardonner car on ne se sent pas capable d'oublier le mal commis et, plus encore, parce que l'on pense qu'en pardonnant on pourrait trahir les victimes et sombrer soi-même dans une forme de complicité coupable. Ce serait minimiser les faits reprochés. Or, en réalité, pardonner ce n'est jamais s'engager à oublier ni le mal accompli ni les malheurs générés par lui. Ce qui s'avère d'ailleurs toujours impossible. Pardonner, c'est ouvrir un chemin d'avenir et le désentraver du mal commis au passé.

Dieu peut-il accorder sa miséricorde à des gens qui ne voudraient ni avouer le mal commis ni le réparer en justice ? Le Pardon du confessionnal ne peut mépriser celui du tribunal. Quant à se prononcer sur le salut possible des assassins et sur leur accueil au ciel après leur mort, qui peut bien en juger ? Sinon Dieu lui-même qui seul sonde vraiment les reins et les cœurs. Il connaît les débats et les regrets intimes, les ouvertures à la grâce et les désirs de conversion. Nous savons si peu sur nous et encore moins sur les autres... "Rien n'est impossible à Dieu"...

Au paragraphe 44 de sa lettre sur l'Espérance, Benoît XVI a écrit : " "Dieu est justice et crée la justice. C’est cela notre consolation et notre espérance. Mais dans sa justice il y a en même temps la grâce. Nous le savons en tournant notre regard vers le Christ crucifié et ressuscité. Justice et grâce doivent toutes les deux être vues dans leur juste relation intérieure. La grâce n'exclut pas la justice. Elle ne change pas le tort en droit. Ce n'est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout se qui s'est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur…

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité