Le silence
Certes il existe un silence réprobateur qui décourage de parler, mais il existe aussi surtout un silence qui invite à s'exprimer avec franchise. Oui ! Le silence n'est pas l'opposé de la Parole, mais son allié. Il est la terre affamée recevant la semence et assoiffée qu'abreuve la pluie. Il est l'écrin ouvert qui recueille la Parole. Quelle oreille entendrait, quel esprit comprendrait, quel cœur se réjouirait si le silence ne leur permettait d'être en veille, d'attendre pour au moment favorable accueillir la Parole ?
Il est des dialogues qui ressemblent plus à des monologues en cascades. Au lieu d'être écoutés et respectés pour eux-mêmes, les propos de l'autre deviennent des prétextes à exposer les siens. Toutes les occasions sont alors saisies de couper la parole pour raconter sa vie et faire valoir ses convictions. Cette pratique répandue qui consiste à investir une conversation ressemble à la pratique du coucou, l'oiseau qui attend que d'autres oiseaux fassent leur nid pour l'occuper et se l'approprier. Le pillage des idées et des actions des autres n'est plus possible quand le silence vient s'interposer et permettre une meilleure écoute mutuelle.
Le silence cultive l'intériorité. Puissent la période estivale et les congés nous permettre d'exercer nos capacités à faire silence.