Une culture qui se prive du droit et du devoir de
vérité court progressivement à sa perte. Si vous êtes menacés de représailles
violentes chaque fois que vous ressentez en vous le besoin d'exprimer ce que
vous pensez, alors la vérité n'a plus le droit de cité. Certains, voulant se
protéger, ne disent plus rien de leur pensée et des arguments rationnels qui
l'étayent. Ils se contentent d'emprunter les chemins de la démagogie et de la
flatterie, du consensus mou. D'autres, privés de liberté d'expression en
public, créeront les occasions de dire, mais en cercles privés, ce qu'ils
pensent vraiment. Peut-être un jour leur sera-t-il reproché par l'histoire de
n'avoir pas annoncé et dénoncé ce qu'ils savaient.
Or, si chacun a un devoir de solidarité, celui-ci ne
commence-t-il pas déjà par un droit de savoir objectif ? Parler vrai, c'est trop
souvent risquer d'être incompris et surtout soupçonné de déprécier ou de juger.
Pourtant, oser dire ce que l'on croit vrai et juste, c'est dire à l'autre
"je t'aime plus que moi-même", puisque je prends le risque que tu me
rejettes et m'en veuilles en te disant quand même ce que je pense. Parler vrai
avec objectivité et sincérité, pacifiquement, est donc une façon de dire
"je t'aime". Une société est réellement malade quand il n'est plus
possible de s'exprimer, quand il n'y a plus d'expression libre et de débats
envisageables sans qu'ils ne provoquent un déchaînement de violence. Si
l'irrationnel et l'affectif concentrent tous les pouvoirs, alors l'humain est
en danger ! L'amour a besoin de vérité, et la vérité a besoin d'amour.
La vérité en soi n'est pas violente. A l'image du vent
s'engouffrant dans la voile qui fait avancer le bateau, la vérité portée par
chacun peut donner des forces convergentes qui font progresser le Monde. Vérité
des chercheurs, vérité des responsables, des enseignants, des croyants, vérité
de celles et ceux qui se mettent au service des autres... Par crainte de
blesser et toute vérité n'étant pas bonne à dire, on est parfois obligé de la
distiller en goutte à goutte ou en pilule enrobée de sucre pour qu'elle
"passe mieux"...
De leur vérité pourtant toujours partielle, certains
font un dogme universel qu'ils veulent parfois imposer en force. D'autres
gardent leur vérité au fond de leurs poches, craignant que, s'ils l'affichent,
elle ne leur attire des ennuis. S'il est un devoir fait à chacun de contribuer
à la vérité, celle-ci ne peut être reçue et admise qu'accompagnée d'une grande
humilité. L'Amour pousse à être vrai et la vérité recommande fortement de ne
jamais cesser d'aimer.
"De leur vérité pourtant toujours partielle, certains font un dogme universel" dit l'auteur du papier, qui a l'air d'oublier qu'il est un ministre de l'Eglise qui prétend justement à la vérité universelle dont elle a fait un dogme.<br />
Fort de ses certitudes dogmatiques, l'auteur ne daignera certainement pas répondre à cette incidente de la même façon qu'il n'a pas répondu à la précédente. <br />
L'auteur ne paraît dialoguer... qu'avec lui-même. "L'amour a besoin de vérité, et la vérité a besoin d'amour" dit-il, il a oublié d'ajouter que l'amour est aussi un attention aux autres et à ce qu'il disent: à quoi sert-il de dire que "vérité [est] toujours partielle" si on ne cherche pas à la compléter en écoutant d'autres sons de cloche fût-elle fêlée!