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Les billets du Père Lucien Marguet
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13 février 2010

Notre temps a besoin de prophètes

Parfois les croyants font confidence de leurs doutes, de leurs difficultés à croire. Certains avouent qu'ils taisent leur foi lors de discussions familiales parce qu'ils se sentent en panne d'arguments pour apporter les preuves de ce qu'ils avancent. Ils ont peur de passer pour des arriérés dans un monde qui considère la religion comme un phénomène du passé. Ils ont la conviction que Dieu existe, que la vie ne se termine pas avec la mort, mais ils avouent n'avoir jamais pris le temps de lire et de s'informer pour se doter d'un contenu intellectuel qui fonde leur croyance. Ils étaient pris par les impératifs de l'existence quotidienne. Ils ont tout fait pour assurer une instruction et une éducation religieuses à leurs enfants en les envoyant au catéchisme et parfois dans une école catholique. Mais cette volonté de "transmettre" la foi n'a pas toujours réussi. De nombreuses influences sont venues s'interposer à contre-courant des traditions religieuses, la culture ambiante matérialiste et consumériste s'est montrée plus déterminante pour des choix et comportements conjugaux, familiaux et sociaux.

 

Croire en Dieu et en tirer les conséquences pour conduire sa vie n'est plus une priorité. Ces jeunes ne sont pas militants de l'incroyance. Ils se rangent plutôt parmi les indifférents. Si l'intelligence et la raison ne sont pas toujours au rendez-vous de la Foi des croyants, ces deux facultés ne sont plus guère convoquées pour justifier l'athéisme et l'indifférence des personnes affichant leur incroyance. La crédulité comme son contraire, l'incrédulité, appellent les uns et les autres à fonder leurs raisons de croire ou ne pas croire. Il est aussi des croyants qui, sentant que la foi devient le choix d'un petit nombre dans un monde qui n'encourage plus à croire et même s'efforce de gommer en eux les repères religieux, développent en eux le complexe des minorités. Il est vrai que être l'un des deux jeunes sur 30 élèves d'une classe qui acceptent de dire qu'ils croient en Dieu, un chrétien pratiquant qui sort de la messe et ose le dire dans le groupe qu'il rejoint, une personne qui ose rompre l'unanimité d'une assemblée pour aller à contre-courant d'une pensée "unique" lui paraissant erronée et risquée… exige non seulement du courage, mais aussi de l'assurance et surtout une passion pour la vérité.

 

Car il existe parfois dans la société une telle pression, un tel conditionnement culturel qu'il est difficile aux minoritaires de s'exprimer et d'être entendus. La démocratie elle-même tend à nous imposer l'idée, fausse, que le plus grand nombre est un critère décisif de vérité. En réalité les sondages donnent raison aux chiffres plus qu'aux personnes qui sortent en tête. La Bible affirme souvent qu'un pauvre, un petit, un perdant, passent premiers aux yeux et dans le cœur de Dieu. On retrouve là le paradoxe apparent dont parle Jésus dans les Béatitudes et lorsqu'il déclare : "Les premiers seront derniers et les derniers premiers, dans le Royaume du Père"… 

 

Les chrétiens d'aujourd'hui n'ont comme chemin possible que celui du prophétisme, emprunté par la grande tradition des prophètes. A eux d'invoquer l'Esprit Saint qui parlera en eux et par eux.

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Commentaires
F
Notre temps a besoin de prophètes!<br /> <br /> Curieux souhait pour un temps qui n'en manque pas, probablement plus faux les uns que les autres.<br /> Je tombe sur ce blog dont l'auteur ne m'est pas inconnu, toujours curieux de comprendre sur quoi se fondent les croyances, je lis. <br /> l'auteur se plait à dire que l'incroyance est aujourd'hui plus indifférence que démarche rationnelle. Si l'indifférence religieuse est, il est vrai, répandue dans la société française, ce n'est pas le cas dans les autres sociétés occidentales et moins encore dans les sociétés non occidentales. Les croyances sont même en passe de supplanter les idéologies dans la genèse des conflits.<br /> Le grave dans tout ça n'est pas le manque de foi mais le fait que perdure la dichotomie entre foi et raison. En parcourant les divers billets du présent blog, je ne vois que la répétition des mêmes patenôtres, sans remise en question des faits et des textes qui les inspirent.<br /> Si beaucoup de choses ont changé, une au moins perdure: nous ne sommes pas sorti de l'âge de la foi, avec comme corollaire, la diversité contradictoire des croyances, chacune s'appuyant sur des traditions différentes que les croyants se gardent bien de mettre en doute de peur d'y perdre leur raison d'être: ici Jésus ascensionne, ailleurs c'est Mohammed, ici on ressuscite dans un autre monde, ailleurs on se réincarne ici bas, les textes des uns et des autres se contredisent, mais tous sont considérés comme absolue vérité. <br /> Quand, quand, quand tout ce fatras sera-t-il passé au crible de l'analyse rationnelle? <br /> Plus je regarde le monde et l'univers moins je vois de raison de croire en une entité créatrice et démiurge du destin des hommes, et ça n'est pas le spectacle qu'offrent les croyances qui m'en rapproche.<br /> Un ancien camarade de classe
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