Magnanime
Il est beaucoup de gens dont la susceptibilité est
"à fleur de peau". La sincérité de la part de leur interlocuteur peut
les écorcher. Ils se sentent agressés ou méprisés si l'on ose leur dire une
vérité, leur poser une question, ne pas les approuver entièrement dans leurs
convictions ou leurs actions. Ces personnes ne distinguent pas leurs idées et
leur identité, qui pour elles ne font qu'un. Du coup, contester leur pensée,
c'est les déstabiliser et leur manquer d'estime.
Heureux ceux qui au contraire ne confondent pas les
personnes et leurs convictions. Car ils évitent ainsi des violences et de
l'intolérance. Heureux les magnanimes qui accueillent les paroles qui les
contestent en y trouvant l'occasion de progresser dans leurs idées. Magnanimes
sont aussi ceux qui savent dépasser les antagonismes et même le mal qui leur
est fait. Ils démontrent ainsi que le bien peut absorber et endiguer le mal.
Trop de gens envisagent leur engagement associatif
ou dans l'Eglise sur le mode affectif. Ils ont faim et soif de reconnaissance
en échange de leur temps offert et de leur engagement bénévole. Ils savent
pourtant que ce don d'eux-mêmes aux autres à travers un service porte la marque
de la gratuité. Etre magnanime, c'est aussi consentir à ne pas toujours être
reconnu ni remercié dans les services rendus. Dans une société comptable, du
rentable et de l'utile, la tentation est grande de se faire payer en retour
l'investissement de soi et de le publier.
Discrétion, désintéressement et générosité ne coulent
pas forcément de source. Et lorsque les bénéficiaires ne savent pas assez le
montant de leur dette, seuls les magnanimes ont assez de ressources en eux pour
oublier ce qu'ils ont donné. Magnanimes, ces parents que leurs enfants oublient
de venir visiter en leur maison de retraite. Magnanimes, ces prêtres qui ont
accompagné des familles aux étapes de leur vie, baptêmes, professions de foi,
mariage des enfants, décès de leurs proches, sans s'étonner de n'être pas
tellement remerciés. Magnanimes, ces gens au service des autres dans les
écoles, les magasins, les associations, les hôpitaux…, que le
"public" prend pour des exécutants en "fonction" qu'il
"suffit" de rémunérer.
Développer cette vertu de magnanimité demande
patience, endurance, maîtrise de soi et surtout largeur d'esprit et grandeur de
cœur, longueur de vue et profondeur de conviction…