Dieu est-il de droite ou de gauche ? Non, du centre !...

Dieu suit de près les choix et engagements des hommes puisqu'il considère ce qui a trait à leur vie comme de première importance. Qui n'est touché par les initiatives qu'il prend pour libérer le Peuple hébreu asservi sur la terre d'Egypte ? Il appelle Moïse réfugié au désert après avoir tué un Egyptien et lui confie la lourde tâche d'organiser le retour en Canaan. Doit-on alors considérer que Yahvé prend parti pour les Hébreux contre les Egyptiens, pour les esclaves contre les dominants ? Ne doit-on pas plutôt comprendre que Yahvé ne supporte pas l'injustice, le mépris, l'asservissement ? Mais il confie aux hommes la gérance de leur vie en société.

Des prophéties dans la bouche d'Isaïe transmettent ces messages : "Vous avez beau multiplier vos prières, je n'écoute pas… Lavez-vous d'abord, purifiez vos cœurs… Cessez de mal faire… Apprenez à faire le bien. Recherchez la justice, protégez l'opprimé, faites respecter les droits de l'orphelin. Prenez la défense de la veuve…"

Yahvé, qui a pourtant dicté des lois à Moïse pour organiser le Peuple hébreu, fait dire à Jérémie : "Je ferai avec la maison d'Israël une alliance nouvelle : je mettrai en eux ma loi, je la graverai dans leur cœur ; je serai leur Dieu, et ils seront mon Peuple".

Quant à Ezéchiel, Dieu lui fait dire à l'adresse des bergers cupides : "Vous n'avez pas fortifié la brebis chétive, celle qui était malade, pansé celle qui était blessée… Je vais prendre moi-même soin de mes brebis et je veillerai sur elles"… Yahvé se présente alors comme un bon Pasteur…

Osée, lui, décrit les sentiments d'Amour de Yahvé pour Israël : "Je serai ton fiancé pour toujours ; je serai ton fiancé par la justice et la droiture. Par la bienveillance et la tendresse, je te fiancerai dans la fidélité et tu connaîtras le Seigneur"…

La vérité et la charité, tant dans les cœurs que dans les relations humaines, imprègnent le vivre ensemble. Ne compte pas seulement ce qui est fait, mais pourquoi et comment cela est fait.

L'on voit à l'évidence que Yahvé est en permanence attentionné aux conditions de vie du Peuple hébreu, mais avec le projet d'un salut universel qu'apportera le Messie : "Je ferai de toi, Israël, la lumière des nations pour répandre mon salut jusqu'aux extrémités de la terre".

Jésus dira : "Je suis venu pour que tous aient la vie et qu'ils l'aient en abondance". Prenant une pièce de monnaie, il dit : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Et, devant Pilate, Jésus s'explique : "Oui, je suis Roi, mais mon Royaume n'est pas de ce monde"…

Si Dieu a confié à l'homme la responsabilité de rendre la terre habitable par tous, il s'interdit d'y intervenir par intrusion. Toutes les situations humaines, familiales, sociales, professionnelles, intéressent Dieu. Elles réclament des initiatives, des choix, des décisions, des engagements de la part des hommes à qui revient le soin de choisir les projets politiques qui leur paraissent le plus adéquats. La liberté, la dignité, la justice, la vérité, la responsabilité, la fraternité, demandent d'être traduites politiquement. A chaque citoyen d'analyser et de discerner quel parti présente les meilleures garanties pour le faire avec honnêteté et dans la durée.

Il reste qu'aucun système économique et politique, aucun parti ne pourra jamais prétendre agir au nom de Dieu dont les appels seront toujours au-delà du Bien et même du meilleur accompli. Dieu n'est pas un programme ni de droite, ni de gauche, ni du centre. Dieu s'identifie à tout homme : "Ce que vous aurez fait au plus petit des miens, c'est à moi que vous l'aurez fait" (Mt 25).