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Les billets du Père Lucien Marguet
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30 décembre 2010

Pour l'Epiphanie...

L'Epiphanie vient du grec "epiphania" qui signifie "apparition", "avènement". Pour les chrétiens, il s'agit de la manifestation de Jésus aux hommes de ce monde. L'évangile de St Matthieu raconte que les mages venus d'Orient ont été guidés par une étoile jusque vers Jésus qui venait de naître. "Ils se prosternèrent devant lui, puis, ouvrant leur cassette, ils lui offrirent de l'or, de l'encens et de la myrrhe", écrit-il. L'or pour sa royauté, l'encens pour sa divinité, la myrrhe pour annoncer sa mort prochaine. Cet épisode symbolise la reconnaissance de l'Incarnation divine par les nations que représentent les mages.

 

Dès sa naissance, Jésus a accueilli et fréquenté des gens très différents. Des bergers, une catégorie sociale mal considérée. Des mages, venus d'Orient. Des étrangers de race, de culture, de religion. Eux-mêmes ont eu le courage d'aller jusqu'au bout du chemin sur lequel ils ont dû s'informer, déjouer les pièges, et développer en eux curiosité et ténacité. Il fallait à l'évangéliste montrer que Jésus était venu pour toute l'humanité dans sa diversité. Ces mages sont des ambassadeurs des Peuples qu'ils représentent.

Le chemin des mages est jonché d'obstacles. Comme tout chemin de croyance qui ne s'arrête pas à la moindre difficulté.

 

Dès le commencement de son existence terrestre, le salut apporté par Jésus n'est pas réservé à une catégorie, un Peuple, ni même une religion. Jésus vient sur terre par un Peuple pour tous les Peuples, dans une époque pour tous les temps. Cette manie d'aborder tout le monde, Jésus la gardera toute sa vie durant. Jésus parle avec des scribes et des docteurs de la loi, des pharisiens et des publicains, des samaritains soupçonnés d'hérésie, mais aussi des officiers romains de l'armée d'occupation. Jésus accueille les malades et les handicapés : boiteux, paralysés, aveugles, sourds, muets, et aussi les pécheurs publics, menacés de lapidation… Un jour, il dira même que ceux qui font comme lui a fait iront tout droit dans le ciel : "J'étais malade, étranger, en prison, j'avais faim, soif… Vous m'avez nourri, logé, secouru… Ce que vous aurez fait au plus petit des miens, c'est à moi que vous l'aurez fait"…

 

Il faut penser que Joseph et Marie étaient eux aussi bienveillants et accueillants pour laisser approcher de Jésus des personnes aussi étranges et éloignées de leur culture que l'étaient les mages ! N'est-ce pas qu'avant de voir leurs traditions, ils ont su percevoir leur dignité humaine ? L'Epiphanie est donc une invitation à découvrir que Dieu, en Jésus, n'est pas prisonnier d'un clan, d'une communauté, ni même d'une famille. Il est "au-dessus" tout en étant "avec". Il invite à ne pas se laisser enfermer dans des appartenances qui empêcheraient d'être vraiment libre de penser, de parler et d'agir.

 

A l'heure de la mondialisation et des moyens de communication qui diffusent dans l'instantané des informations sur toute la planète, ne peut-on pas parler d'une "Epiphanie permanente" ? En effet, tout le monde peut voir, entendre, savoir, se retrouver autour du même événement, au même moment. Du coup, l'habitant du plus petit village côtoie l'Africain ou le Chinois, devient confident de leurs convictions, de leurs conditions de vie, de leurs désirs et de leurs projets… Et la diversité, la pluralité, toutes les différences, apparaissent au grand jour. Elles sont parfois ressenties comme des menaces pour les uns alors qu'elles sont des chances à saisir d'enrichissement mutuel. Qui n'a jamais, dans sa propre famille, à côtoyer des personnes différentes de soi de tant de façons : sur les plans culturel, convictions, religion ? Or, dans le christianisme la façon trinitaire dont Dieu existe constitue un modèle pour notre propre façon de vivre notre foi et notre humanité. Comme à l'Epiphanie dans la distinction et la différence.

 

A moins de nous barricader, de fermer nos yeux, nos oreilles, de fuir quiconque ne nous ressemble pas, c'est-à-dire au total nier le Monde tel qu'il est, nous sommes confrontés à un monde marqué par le pluralisme, la diversité et les différences. Avec l'Esprit du Christ, ce n'est pas qu'une épreuve, c'est aussi un chemin de sagesse et de sainteté.

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