QUI EST DONC JEAN-BAPTISTE ?
Il
suffit d'ouvrir l'évangile de Saint Luc pour le savoir.
Le
chapitre 1, versets 5 à 25, est consacré à l'annonce de sa naissance
miraculeuse à Zacharie, son père. Il aura une vocation d'exception (16 à 18).
Incrédule, Zacharie fera jusqu'à la naissance de Jean une cure de silence (18 à
21).
Après
les versets 26 à 38 : Annonciation à Marie, les versets 39 à 56 : Visitation de
Marie à Elisabeth (4ème dimanche de l'Avent C), les versets 57 à 80
rapportent la naissance de Jean, la prophétie de Zacharie sur son fils (le
"Benedictus", versets 67 à 79).
Jean,
l'enfant de la promesse, le précurseur de Jésus.
Le
24 juin célèbre la naissance de Jean 6 mois avant Noël, au solstice d'été,
quand le soleil va décliner vers ce qu'on a appelé "la Noël d'été".
POURQUOI LE NOM DE JEAN ?
Le
mot signifie "le Seigneur fait
grâce". Ce nom a été confié à Zacharie par l'ange Gabriel : Luc 1, 13
; 60 à 63.
Cause
de la joie de beaucoup, l'idée sera reprise dans l'oraison du 24 juin : "Accorde à ton Eglise le don de la joie
spirituelle..."
Une
belle grâce pour chacun et pour l'Eglise de notre temps !
Jean
le Prophète (Luc 1, 76 à 78) est présenté par les évangiles des 2ème
et 3ème dimanches de l'Avent. Toute la vie de Jean est d'être témoin
de la lumière (Jean 1, 6-8; 13, 19-28).
St
Luc ne raconte qu'en deux versets l'emprisonnement de Jean-Baptiste : Luc 3,
19-20. St Matthieu (14, 1-12)et St Marc (6, 17-29) sont plus précis.
Jean-Baptiste
est martyr (fête le 29 août : décapitation de Jean-Baptiste).
Luc
énumère les figures essentielles de ce temps, du plus grand au plus petit...
Nous sommes en l'année 27 ou 28. Quatre personnages politiques : Ponce-Pilate,
Hérode, Philippe, Lysanias ; deux personnages religieux : Anne, Caïphe.
L'histoire
de Jésus est une histoire vraie, un évènement qui s'insère dans le temps et la
géographie. C'est dans l'histoire que Dieu réalise le salut. L'Incarnation est
l'entrée historique de Jésus dans notre chair, dans notre histoire.
JEAN-BAPTISTE, LE PROPHETE
Luc
marque la disproportion colossale entre l'évocation historique précédente... et
le fougueux Jean-Baptiste, porte-parole de Dieu.
Puis :
- l'occasion rêvée de se débarrasser de
Jean-Baptiste, un festin d'anniversaire : Marc 4, 21.
- Une danse
envoûtante de Salomé et la promesse imprudente d'Hérode : Marc 4, 22-23.
- La perverse
Hérodiade réalise son projet : la tête de Jean-Baptiste : Marc 4, 24-26
- L'exécution de
Jean-Baptiste : Marc 4, 27-28.
Le
corps de Jean-Baptiste est recueilli par ses disciples : Marc 4, 29. Son corps
reposerait dans la mosquée des Omeyyades, à Damas.
Oraison
du 29 août : "Jean-Baptiste a donné
sa vie pour la justice et la vérité : accorde de savoir, comme lui, nous
dépenser au service de ta parole".
Entre
les deux textes que nous venons d'évoquer, la naissance de Jean-Baptiste et son
martyre, se présente la MISSION de Jean.
Le
baptême de Jean est célébré en janvier.
"La parole de Dieu fut adressée
dans le désert à Jean, fils de Zacharie" (Luc 3, 2b).
Le
désert est le lieu du grand silence, du dépouillement, des rendez-vous
décisifs. Le Peuple de Dieu a connu cette épreuve (l'Exode avec Moïse). De
grands contemporains ont été travaillés par le désert. Voici 3 témoignages sur
l'expérience spirituelle du désert :
"Dans cette terre morte, il me semblait
sortir des limites ordinaires de la vie, m'avancer tremblant de vertige sur le
chemin de l'éternité " (Ernest
Psichari, petit-fils de Renan)?
"Le désert n'est pas complaisant.
Il vous ponce l'âme, il sculpte l'âme, il tanne le corps, il est le sel de la
terre". (Théodore Monod, mort en
l'an 2000 à l'âge de 98 ans).
Charles
de Foucauld (1858-1916) s'installe définitivement au désert à 43 ans : "Il faut passer par le désert et y
séjourner pour recevoir la grâce de Dieu. C'est là qu'on se vide, qu'on chasse
devant soi tout ce qui n'est pas Dieu pour laisser la place à Dieu seul".
Jean-Baptiste
et Jésus n'ont pas chanté le désert, mais ils l'ont connu et ils en ont
expérimenté la profondeur spirituelle. Ils ont fait du désert le tremplin de
leur élan missionnaire.
LA "MISSION DE JEAN"
On
a pu résumer la mission de Jean avec le même préfixe :
- prédire...
il parle avant Jésus
- précéder...
il marche avant Jésus, il est le Précurseur
- préparer...
la route et les cœurs.
Dans
le texte du 2ème dimanche de l'Avent, Jean montre l'urgence du
changement : "Il proclamait un
baptême de conversion pour le pardon des péchés" (Luc 3, 3). Il
prépare le chemin. En Orient, pour un grand personnage on ouvre la route. A
Jérusalem, depuis la visite historique du Pape Paul VI, il y a "la route du Pape".
En
Luc, 2 impératifs ! "Préparez...
aplanissez..." Et 5 verbes au futur pour marquer le résultat.
La
même image court de bout en bout : une route... Tous les obstacles sont évoqués
pour disparaître :
- ravins... comblés
(les ravins d'égoïsme, d'indifférence, de mépris...)
- montagnes,
collines... abaissées (les montagnes / collines d'argent, de suffisance, de
domination, etc...)
- passages
tortueux... droits (jalousie, injustice, etc...)
- routes
déformées... aplanies (pauvres déformations que le péché introduit dans nos
vies...)
Avec
Jean-Baptiste, c'est le grand chantier de nos âmes qui est présenté. L'Eglise
et le chrétien sont le signe joyeux et transparent du salut en marche. C'est en
quoi Jean-Baptiste est toujours d'actualité...