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Les billets du Père Lucien Marguet
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12 février 2011

"J'étais malade et vous m'avez visité"…

Lorsque survient une grave maladie chez un être cher, les proches et les amis ne savent pas toujours quel comportement adopter. Certains vont être tentés d'espacer leurs visites, voire de les interrompre. D'autres vont visiter le malade et lui parler jusqu'à le fatiguer. Croyant bien faire, ils vont le plaindre avec l'intention de lui montrer leur affection. D'autres, pour montrer au malade qu'il n'est pas seul dans la souffrance, vont lui raconter leurs propres difficultés ou évoquer le malheur qui atteint tel ou tel de leurs amis. Or cette attitude ne fait qu'ajouter de la douleur à la douleur. Certains autres encore, croyant bien dire, vont minimiser la maladie, pensant ainsi entamer la peur qui habite le malade. D'autres, au contraire, avec la volonté de parler en vérité, vont emprunter le vocabulaire des catastrophes, alors qu'ils ne font que parler de choses qu'ils ignorent la plupart du temps.

 

Aussi la question de la bonne posture à adopter pour entourer un grand malade se pose-t-elle souvent. On peut d'ores et déjà souhaiter que les visiteurs continuent à entretenir leurs liens habituels avec la personne qui est tombée malade. Car ce qui lui arrive ne la définit pas entièrement. Elle demeure une personne avec sa dignité et sa personnalité, son passé et tous les événements vécus dans sa vie, ses relations, ses richesses humaines. Il s'agit pour le visiteur de se montrer discret, accueillant à ce que le malade lui confie. On doit entrer dans la chambre comme dans un jardin intime. On pourra dans la conversation partir des paroles de celui qui est alité et utiliser ses mots pour parler à son tour. Comme Jésus a rejoint les deux disciples d'Emmaüs à l'endroit même où ils en étaient de leur marche vers Emmaüs. Sans être à la traine ni sans les précéder, Jésus est demeuré avec eux jusqu'à l'auberge.

 

Alors ! Faut-il mentir, dire ce que l'on a appris, minimiser la maladie, les souffrances, croyant ainsi les atténuer ? Je ne le pense pas. N'est-il pas préférable, d'ailleurs, d'éviter de parler de la maladie avec la personne visitée ? Par contre, ce qui est sans doute souhaitable, c'est de se montrer disponible si, par vous qui le visitez, le malade veut ouvrir une fenêtre et respirer l'air dans lequel il se trouvait avant de tomber malade. Il est sans doute aussi souhaitable de montrer de la compassion et de l'affection mais sans excès, car cela pourrait apparaître comme de la condescendance et même de la pitié. Ce qui ne ferait que fragiliser et peut-être humilier la personne alitée et dépendante. Par exemple, ôtez votre manteau en arrivant, une façon d'annoncer que vous venez pour elle… Ne restez pas debout auprès d'elle qui est au lit, vous la domineriez ! Asseyez-vous à sa hauteur… Physiquement et moralement, cela conviendra pour que l'échange soit vrai. Chacun sait que ce n'est pas la quantité de paroles prononcées qui fait la qualité ni l'intensité d'une rencontre ! Une présence en silence au chevet d'un malade est bénéfique, comme est préférable une douce vaporisation à l'arrosage massif et brutal d'une terre assoiffée.

 

Ainsi donc, comme un jardin qui voit arriver l'automne ne peut faire oublier tout ce qu'il a fourni de fruits nourrissants et de fleurs à contempler, une personne malade ne peut-elle se définir seulement par le mal dont elle est atteinte. Elle conserve sa singulière identité et tout ce qui constitue les richesses humaines de son existence. Enfin, redisons que c'est aux proches et aux amis de se conformer aux heures propices pour le malade et non l'inverse. Donner du temps aux autres, ce ne doit jamais être donner les miettes de temps qui nous restent, comme un surplus ! C'est caler le nôtre en fonction de celui de la personne malade pour la rejoindre dans sa souffrance et son besoin d'être écoutée…

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