Lazare

Jean 11 ^1-45

A Béthanie, village situé à 5 km de Jérusalem, Jésus avait des amis : Simon le lépreux, par exemple (Mc 14 ³). C'est chez lui qu'une femme s'approcha de Jésus avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très précieux qu'elle versa sur ses pieds pendant le repas, à la grande indignation des disciples qui blâmaient ce gaspillage.

A Béthanie, il avait aussi pour amis Marthe et Marie et leur frère Lazare, dont le nom signifie "Dieu aide". Lazare mourut. Arrivé quatre jours plus tard, Jésus se rendit au tombeau. Il fit enlever la pierre et appela Lazare. Alors le mort sortit avec son suaire et ses bandelettes (Jn 1 ^1-44). La résurrection de Lazare préfigurait la victoire de Jésus sur la mort. Mais le bruit amplifié autour de cet événement inquiéta les autorités juives. Elles craignaient des troubles et l'intervention de l'occupant romain. Dès lors, selon saint Jean, la mort de Jésus fut décidée (Jn 11 ^49-53).

Ce texte, au lieu d'être intitulé "la résurrection de Lazare", pourrait avoir pour titre "Jésus source de vie". L'Evangile de Jean a plusieurs très belles séquences sur Jésus qui donne la vie. La vie sous toutes ses formes : la foi, avec le notable juif Nicodème. L'eau vive, avec la Samaritaine au puits de Sychar. Le pain, donné à la foule lors de la multiplication des pains, et le pain de vie éternelle qui nourrit l'âme. Toutes les guérisons qui restaurent la vie : le fils d'un fonctionnaire royal, un paralytique à la piscine de Bethsata, un aveugle né. Le pardon de la femme prise en fragrant délit d'adultère et que les gens veulent lapider.

Et aujourd'hui la restauration de la vie de Lazare. Il faut en effet distinguer le retour à l'existence terrestre de Lazare jusqu'à sa mort, et la Résurrection de Jésus qui est un passage à une vie définitivement soustraite à la mort. Lazare n'est pas le seul à qui Jésus ait redonné des années d'existence. Il y eut la fille de Jaïre (Mt 9 ²⁵). Il y eut le fils d'une veuve (Lc 7 ¹⁴).

Quel message l'évangéliste saint Jean veut-il donc transmettre à travers cet épisode de Lazare, qu'il est le seul à rapporter ?

Cet événement est situé sept jours avant la Passion et la mort de Jésus. Lazare est comme l'image anticipée de Jésus qui sera vainqueur de sa propre mort. Il ne faut jamais oublier que ces textes ont pour but de susciter et d'exprimer la foi des premières communautés chrétiennes. A travers la foi de Marthe et Marie, c'est la foi des disciples de Jésus en la puissance de vie de Jésus qui s'exprime. Si on croit en Jésus, on est sûr de vivre par-delà toute forme de mort. Ce récit invite donc à reconnaître en Jésus l'Envoyé du Père, créateur de la Vie. "Je suis la Résurrection et la Vie", dit Jésus à Marthe. "Celui qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?" (Jn 11 ^25-26).

La question nous est posée à chacun de nous. Croyons-nous vraiment qu'en adhérant à Jésus nous avons la vie ? Dès à présent. Une vie qu'aucune mort ne détruit. A cela, Marthe répond : "Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde". A cet acte de foi, Jésus répondra par un signe visible aux yeux de la chair, un "signe dans la chair", qu'Il est Résurrection et Vie. Ni la mort, ni la corruption du tombeau ne peuvent entamer cette certitude. Dans le Christ, celui qui est mort à la vie temporelle est un vivant à la vie éternelle.

Ce texte est un démenti lancé à l'adresse de ceux qui rangent Dieu du côté de la souffrance, de la mort du juste et de l'innocent. A travers toutes les scènes d'Evangile, Jésus donne à Dieu le visage du libérateur des entraves et du sauveur de toute vie. A la suite de Jésus, maître de vie, les croyants se situent du côté de la vie. Aussi abîmée, entravée et compromise que soit cette vie…