Le doute et la foi

La foi est-elle entamée ou renforcée par le doute ? Si la foi se montre trop sûre d'elle-même, ne risque-t-elle pas de se montrer possessive de Dieu, et prétentieuse ? Peut-on croire en Dieu au point d'avoir, par la foi, déjà touché au but qu'est Dieu ? N'y a-t-il pas au contraire une distance entre le croyant et Dieu, que la réflexion et la conversion, voire le doute et la recherche, comblent utilement ? A la façon dont on perçoit d'autant mieux quelqu'un qu'on avance et s'approche de lui.

 Douter, c'est surtout douter de soi et de sa propre foi, de la conception et de la qualité de sa relation à Dieu ! C'est reconnaître ses limites et accepter de progresser vers lui.

 Il existe une façon idolâtrique de croire quand on donne l'impression de posséder Dieu. Or Dieu n'est la propriété de personne. Nul ne peut faire main basse sur lui. Il ne se laisse jamais saisir ni détenir. Dieu est là, mais il est aussi ailleurs. En moi, mais aussi dans les autres et entre tous. Il est notre Dieu, mais il est aussi celui de beaucoup d'autres. Il est proche, mais à distance.

 Thomas doute du témoignage des autres apôtres. Il voulait voir et toucher Jésus. Jésus lui dira : "Heureux ceux qui croient sans avoir vu". C'est toute la différence entre "croire" et "savoir". Croire est basé sur la confiance, savoir sur la raison et la preuve tangible, expérimentale. Les déserts et les doutes ne sont-ils pas pour la foi ce que les remises en cause des connaissances définies et admises sont pour les scientifiques ?

 Il n'est pas question de faire ici l'éloge du doute, mais de dire que lorsqu'il survient, il peut être reçu comme un appel intérieur à progresser vers le cœur de la foi.