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Les billets du Père Lucien Marguet
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23 octobre 2011

Tu es partie… et pourtant tu es encore là… autrement…

Oui ! C'est vrai, nous nous sommes parfois disputés. Nous sommes restés de longs jours sans nous adresser la parole. Chacun de nous en souffrait, mais nous avions tous deux un caractère qui ne nous inclinait guère à l'humilité qu'exige une réconciliation. De guerre lasse, l'un ou l'autre finissait par trouver la "bonne occasion" de demander pardon. Et notre vie se déroulait clopin-clopant, selon les petits et les grands événements, suivant les humeurs du moment, mais toujours côte à côte dans une mutuelle affection.

 Certes le feu ardent du coup de foudre initial ressemblait plus à des braises, mais notre amour nous unissait toujours autant. Au cours des années, notre amour avait fait naître nos enfants et aujourd'hui plusieurs petits-enfants, il avait accueilli tant d'amis dans notre maison que nous voulions ouverte à tous… Notre amour avait été l'énergie dont nos engagements avaient besoin pour tenir dans la durée. Or ce feu commun de notre amour n'est pas éteint parce que tu es partie "ailleurs" par la porte de sortie de la mort. J'en suis convaincu, tu continues à l'alimenter pour qu'il continue à m'éclairer, moi et tous ceux et celles qu'il a éclairés et réchauffés. Car ce feu, il était toi et il était moi, il était et il est encore nous deux. Un feu fidèle, un feu alimenté au quotidien de la vie des petits gestes et paroles échangés,  tissée de liens offerts et choisis.

 Et voilà que tu es tombée gravement malade, faisant sombrer notre vie commune dans un terrible chamboulement. Ce mal en toi nous a alors rendus inégaux face à la chance qu'est la vie. Ta santé s'est dégradée. Avec le soutien avisé et tenace des soignants, tu t'es farouchement battue pour conserver la vie, "notre vie" dont tu étais une passionnée. Nous sommes passés par des phases d'espoir et de découragement. Nos enfants ont été avertis de la gravité du mal qui te détruisait. Ils se sont montrés attentifs, délicats, discrètement très présents. Ils nous ont ainsi prouvé que l'amour dans lequel nous les avions "élevés" animait leurs paroles et leurs actes.

 Au cours de ton pénible et douloureux chemin de croix, j'ai bien essayé de tenir la place de Simon de Cyrène qui a aidé Jésus, tombé sur le chemin du Golgotha. J'ai dû te laisser continuer et me résoudre à me préparer à ton départ que je savais définitif. Tu as fermé les yeux sur cette terre alors que le printemps annonçait le renouvellement de la Nature. Depuis ta mort à la terre et à l'histoire humaine et ta naissance au ciel, ma vie et celle de tous ceux que tu as aimés et qui t'ont aimée a beaucoup changé. Mais le feu allumé un jour entre nous deux et que nous avons alimenté, auprès duquel nous avons si souvent échangé, lui demeure. Nos enfants parfois égrènent les souvenirs de ces multiples choses que notre amour leur a donné de vivre. Et notre amour brille toujours comme autant de feux lumineux qui continuent à baliser notre chemin et surtout à nous garder dans l'axe de l'Espérance.

 Dans ce feu, au cœur de cet amour, toi et moi avions reconnu la présence même de Dieu, source de tout Amour humain. Toi qui es désormais immergée dans cet Amour, continue à alimenter celui dont j'ai encore besoin pour aller jusqu'au bout du chemin. Merci pour tout…

 

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