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Les billets du Père Lucien Marguet
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9 novembre 2011

Nous n'aimons pas la mort !...

Nous n'aimons pas la mort car elle provoque une rupture des liens tissés lentement toute une vie terrestre durant. La mort peut survenir brutalement dans la nuit, dans un lieu public, sans préavis et sans avertir ! Elle peut survenir à tout âge de la vie quand on ne s'y attend pas. Des bébés, des enfants, des adolescents, des jeunes propulsés à pleine vitesse sur leur moto, dans leur voiture, à la sortie d'une fête, sont fauchés comme blé en herbe par la mort brutale. Certains meurent des mêmes maladies que celles qui emportent des adultes très avancés en âge…

 La mort apparaît ainsi pour les uns comme l'accomplissement d'une vie bien remplie tandis que, pour d'autres en plein élan vers elle, elle ressemble à une privation injuste de la vie. Car elle l'interrompt et ruine tous les désirs et aspirations, tous les efforts et les actes qui l'envisageaient comme un bonheur ! Non ! Nous n'aimons pas la mort parce qu'elle peut déclencher des regrets de n'avoir pas été assez attentif, durant sa vie, à celui qui est maintenant définitivement "parti". Parfois même, des pardons non prononcés et des réconciliations non scellées peuvent ajouter à la douleur ressentie et se transformer en remords tenaces.

 En réalité, je le sais, la mort n'est pas un état durable dans lequel une personne vivante viendrait échouer. En effet pour les chrétiens la mort est un passage d'une forme de vie temporelle et spatiale à une forme de vie éternelle et sans limites. Cette vie-là qui s'arrête au dernier souffle contient et transporte en elle la vie qui continue dans l'Eternité. Tout ce qui maintenant fait ressembler à Dieu et le rend présent n'est pas anéanti, mais au contraire rejoint Dieu et s'épanouit pleinement en Lui. Toutes ces aspirations, ces désirs, ces choix, ces actes, ces attitudes qui donnent à l'amour, au don de soi, une place prépondérante, à la mort ne sont pas détruits, mais trouvent leur accomplissement en Dieu. Celui dont la vie a été tractée et aimantée par l'amour développe en lui les capacités d'entrer dans la maison du Père, appelé par Jésus le Royaume de Dieu. Le vêtement pour devenir convive du banquet des noces préparé par Dieu, c'est avoir vécu sur terre la Foi, l'Espérance, mais surtout la Charité, c'est-à-dire avoir essayé d'aimer, comme le disait si clairement l'abbé Pierre résumant l'itinéraire de sa vie : "J'ai toute ma vie essayé d'aimer"…

On a parfois tenté de comparer l'existence d'un chrétien et celle d'un incroyant. Elles se ressemblent, et il se peut même que celle de l'athée puisse parfois apparaître plus réussie et plus généreuse. Pourquoi pas ! Mais le croyant, lui, a cette chance, qui est en même temps une responsabilité de la laisser transparaître, de la grâce de la foi. Pour lui, non seulement la vie est un don de Dieu, mais elle trouve son sens actuel et ultime dans les retrouvailles avec Dieu, par-delà la mort. L'Espérance traverse toute mort, quels qu'en soient le moment et les circonstances, et débouche sur la vie, un peu à l'image du torrent, de la rivière et du fleuve qui finissent par se plonger dans l'immense océan.

 Nous n'aimons pas la mort parce qu'elle nous fait quitter des choses et des êtres connus avant d'aller vers un état de vie inconnu que seule la pleine lumière de Dieu nous fera pleinement découvrir et apprécier.

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