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Les billets du Père Lucien Marguet
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11 décembre 2011

Bienfaisant silence

Le silence n'est pas une absence ni un manque, mais une réelle présence.

Le silence extérieur est le manteau protecteur des nuisances et des bruits corrosifs. Il offre l'opportunité de se concentrer intérieurement en n'étant ni sollicité ni agressé par l'environnement.

Le silence est bienfaisant quand, dans une conversation, il vient donner à chacun d'écouter, d'entendre et de prendre le temps de comprendre ce que dit l'interlocuteur.

Il est la plage où vient se poser la vague à marée montante.

Il est l'écrin de la parole de l'autre que l'on respecte.

Il permet aussi à la parole de lever dans l'esprit où elle se réfléchit, se formule, à l'image de la pâte qui se transforme en bon pain le temps de sa cuisson.

Le silence de la nuit donne du relief aux bruissements de la nuit. Il invite à contempler sans commenter. Il permet le retrait du Monde tout en y étant toujours présent.

 

Une parole a d'autant plus de force et de pertinence qu'elle est précédée d'un silence qui la retient d'abord, à l'image de la retenue d'eau préparée à s'élancer dans la force de la cascade.

Le silence, bien sûr, doit être interprété quand il désavoue ou au contraire approuve une parole ou une action, une attitude.

Le silence en classe permet à l'enseignant d'accomplir sa noble tâche de transmission et aux élèves de recueillir et d'intégrer les connaissances dispensées. Le silence ressemble alors à une terre assoiffée qui absorbe immédiatement la pluie. Il permet à l'auditoire attentif et intéressé de désirer boire les paroles de l'orateur.

 

Le silence prive peut-être de mots prononcés, mais il favorise une autre communication, celle des yeux, des oreilles, de la tenue du corps, et bien sûr de l'esprit et du cœur.

Demeurer en silence peut aussi manifester un immense désarroi face à une difficulté, un événement inattendu, une question sans réponse. Il est certains malades qui souffrent en silence et gardent en eux leurs blessures.

On dit de la société urbaine et industrielle qu'elle est bruyante et tapageuse. On dit de la société médiatique qu'elle s'alimente de rumeurs, de faux bruits, de mots, et qu'elle a horreur des silences. Il résulte de cet usage excessif une usure des langages qui porte à ne plus écouter ni lire, ni prêter attention à ce que les médias diffusent. On rêve parfois d'une société qui serait moins bavarde et plus silencieuse pour réapprendre la valeur et la teneur des mots, pour communiquer et entrer en relation durable.

 

Les évangiles nous racontent qu'un jour des pharisiens et des docteurs de la loi juive amènent à Jésus une femme surprise en flagrant délit d'adultère. Selon la loi, il fallait la tuer par lapidation. La foule forme un cercle accusateur autour de la pécheresse assise près de Jésus. Jésus choisit de faire silence face au dilemme qu'il lui est intimé de résoudre. S'il lui pardonne, il enfreint la loi juive. S'il recommande de la tuer, il accepte de se soumettre à cette loi que toutes les attitudes de sa vie désapprouvent. Le silence qu'il choisit d'observer laisse chacun(e) juger lui-même en son for intérieur, se forger son propre jugement. Ce silence donne aussi le temps à chacun de se positionner face à cette phrase que Jésus finit par prononcer : "Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre". "Ils partirent tous les uns derrière les autres, en commençant par les plus anciens. Et Jésus resté seul avec la femme lui dit : "Personne ne t'a condamnée. Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et ne pèche plus"…

 

Avant de faire naître au monde Jésus, Verbe de Dieu, Marie à Nazareth a gardé en silence la promesse de l'ange Gabriel.

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