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Les billets du Père Lucien Marguet
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19 janvier 2012

Primaires.., sectaires…


Il arrive que l'on ait à croiser des gens dont le visage volontairement fermé est un refus évident de toute communication. La personne se déclare auto-suffisante et montre ainsi qu'elle n'a nul besoin des autres, et surtout pas de leur vérité. On peut qualifier ces gens de sectaires puisqu'ils entendent ne pas s'inscrire dans une relation à autrui, car ce serait pour eux l'aveu de manques et même de faiblesses ! A force de se convaincre que l'on détient la vérité, on finit par ne plus oser aborder les autres qui sont différents et donc susceptibles de bousculer nos certitudes.

 La question religieuse est un des domaines où le clivage entre les personnes curieuses de tout et celles fermées à tout se fait le plus sentir. On rencontre en effet des gens réfugiés dans la tour d'ivoire de leur incroyance ou de leur sécularisme, qui semblent se protéger en creusant un fossé de méfiance entre eux et "les autres". Ces gens "sectaires" ne se rendent pas compte de toutes les richesses humaines dont leur posture les prive. Ils pourraient confirmer leur pleine liberté de conscience en se prêtant volontiers aux dialogues que suscitent les rencontres programmées ou inopinées. Etre ouvert et abordable, détendu et bienveillant, c'est prendre avec intelligence l'attitude de celui qui a des convictions tout en étant disposé à entendre celles des autres, quitte à s'y opposer avec vigueur et respect. C'est aussi par un esprit de tolérance contribuer à tisser le lien social si souvent fragilisé par les tensions et les raidissements idéologiques qui, mal digérés, dégénèrent en divisions néfastes pour tout le monde.

 L'être humain ne se caractérise pas seulement par ses performances individuelles, mais aussi par ses relations sociales. Ce que l'un n'est pas, l'autre le lui donne dans une relation d'égalité et d'apport mutuel. Notre vie sociale, ecclésiale, ressemble à un corps dont les membres sont différents et complémentaires. Tous contribuent selon ce qu'ils sont à la vie du corps tout entier dont chacun bénéficie.

 La vérité ressemble encore à une verrière qui se brise. Chacun se saisit d'un morceau tombé à terre et a tendance à croire qu'il détient en ses mains la totalité, alors qu'il ne possède qu'un morceau. La seule façon alors pour lui d'en percevoir l'ensemble, c'est de s'associer aux autres qui eux aussi en brandissent une part.

Une autre image encore est celle des habitants d'une maison dont les yeux scrutent le paysage par des fenêtres situées sur les quatre côtés. Chacun décrit ce qu'il contemple. Et aucun ne prétend embrasser l'ensemble de ce qui peut être perçu depuis ce lieu, sauf à associer les points de vue différents. Il en va de même pour ce qui a trait à la vérité.

 Les sectaires ont tort d'avoir peur des croyants et de s'en méfier a priori à force de pré-jugés. Les croyants, quant à eux, auraient tort de ne pas aborder et entendre les incroyants qui ont des questions et des convictions à leur partager. Tous font partie d'une même humanité et détiennent une part de la vérité dont il faut toujours tendre à se rapprocher.

 Ce qui vient d'être dit peut aussi s'appliquer à ce que l'on appelle le dialogue œcuménique entre les églises chrétiennes. Les rencontres interreligieuses, telles celle d'Assise, illustrent aussi cet esprit d'humilité et d'ouverture à l'autre qui, différent de moi par sa vision et ses convictions, détient en lui une part de vérité que je respecte tout en me reconnaissant le droit de la contredire.

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