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Les billets du Père Lucien Marguet
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4 janvier 2013

Epiphanie

Matthieu 2 1-12

 

Le récit de Matthieu ne dit presque rien des mages. Qui étaient-ils ? Combien étaient-ils ? La tradition populaire a comblé ces lacunes. Au IVème siècle, la piété populaire raconte qu'ils sont trois savants astronomes : Melchior, Gaspard et Balthazar. Au Xème siècle, on les représente avec des attributs royaux Au XVIème siècle, chaque roi mage reçoit une nationalité : Melchior au visage blanc vient d'Europe, Gaspard au visage jaune d'Asie, Balthazar au visage noir d'Afrique. L'universalité du christianisme est ainsi soulignée. L'Eglise veut depuis toujours embrasser d'un seul regard tous les Peuples de la terre, comme Dieu voit le monde.

 L'Epiphanie vient du grec "epiphania", qui signifie "apparition", "avènement". Pour les chrétiens, il s'agit de la manifestation de Jésus aux hommes de ce monde. Les mages venus d'Orient viennent se prosterner devant Jésus qui venait de naître, "puis, ouvrant leur cassette, ils lui offrirent de l'or, de l'encens et de la myrrhe". De l'or pour sa royauté, l'encens pour sa divinité, la myrrhe, parfum utilisé pour embaumer les morts, pour annoncer sa mort prochaine. Cet épisode symbolise la reconnaissance de l'incarnation divine de Dieu par les hommes de toutes les nations, représentés par les mages.

 Cette fête a vu le jour en Orient entre les années 120 et 140. Il s'agissait pour les premiers chrétiens de donner une signification évangélique aux fêtes égyptiennes et orientales qui marquaient dans la nuit du 5 au 6 janvier la renaissance du soleil. Dans le monde chrétien oriental et orthodoxe, le 6 janvier demeure la date traditionnelle pour fêter la Nativité. Pour concilier les traditions occidentale et orientale, Rome sépara pour les catholiques, au milieu du IVème siècle, les épisodes de la Nativité et de l'Epiphanie.

 Sur le plan spirituel, la marche de ces trois mages curieux de savoir évoque l'itinéraire que peut parcourir chacun(e) de nous pour s'informer, chercher à connaître et comprendre l'univers, l'Histoire, les autres. En sachant que toute existence comporte des obstacles, des rencontres de gens et d'événements de toute sorte. Hérode était un tyran, un jaloux, un orgueilleux imbu de lui-même que seule la puissance intéressait, et peu la vérité. Guidés par des signes comme l'étoile et leur propre conscience, ces savants accomplissent leur pèlerinage mais ont l'inspiration heureuse de retourner chez eux "par un autre chemin". Lorsqu'ils auront vu Jésus, ils pourront repartir pour leur pays sans passer par Jérusalem. Ils n'ont pas besoin de s'intégrer au Peuple juif puisque Jésus est venu pour tous les peuples.

Les mages me font penser à tous ces humains qui sont en quête de sens à leur vie et de cohérence entre leur soif de vérité et leurs choix. A notre époque, nombreux sont ceux qui cherchent, certains aussi abandonnent toute quête de lumière. Parce qu'il y a tant de distractions en cours de route qui les incitent à s'attarder, à se détourner, à s'abandonner dans les loisirs plutôt que de se dépenser dans le "choisir" et l'"agir"… Chacun trace son itinéraire humain et, pour cela, s'appuie sur ceux qui le précèdent sur le chemin. C'est l'Eglise…

 Face à ces pièges actuels de la dispersion, je ne vois qu'un chemin salutaire, celui qui consiste à se concentrer pour retrouver à l'intérieur de soi l'étoile qui guide la conscience. Je ne vois que la décision d'éliminer le superflu, le superficiel, le circonstanciel, et de bâtir sa vie sur l'essentiel, solide et durable. Les mages ne se sont pas laissé abuser par les belles promesses d'Hérode. Ils ont gardé le cap qui les guidait… Ils ont gardé leur liberté de conscience. Ils ont écouté la voix intérieure de l'Esprit Saint qui appelait.

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