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Les billets du Père Lucien Marguet
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9 septembre 2013

Quelques réflexions sur la marche de la société

Sans sombrer dans la sinistrose ni une description apocalyptique de la société actuelle, de nombreux signaux indiquent que cette dernière court le danger de  déshumanisation. Je ne prendrai que quelques exemples connus de tous.

 L'informatisation a remplacé le visage au guichet. Un répondeur ne peut donner de renseignements qu'à la condition de taper les numéros correspondant à la demande. A la sortie de l'autoroute, au moment de tendre votre ticket et l'argent à une personne, vous vous apercevez que c'est une machine qui vous réclame votre carte bancaire. Rares sont les grandes administrations qui vous accueillent par le sourire et l'écoute d'un agent. De plus en plus souvent ce sont des enregistreurs, répondeurs, qui remplacent les fonctionnaires. Des explications motivées et circonstanciées sont de moins en moins possibles et admises par les services administratifs de toute sorte. On assiste à une fonctionnarisation glacifiée de l'Etat, de plus en plus éloigné et légaliste. Les lois, les droits, les réglementations empilées rendent inutiles toute explication et toute réclamation.

 On oublie la dimension humaine dans une fermeture d'entreprise qui doit licencier son personnel. Celui-ci a beau avoir contribué par son travail à créer des richesses, les principes économiques et financiers s'abattent jusqu'à l'oubli de l'impact social et psychologique. Une menace d'épidémie est-elle signalée dans un élevage, ordre est donné d'envoyer tout le troupeau à l'abattoir, sans ménagements. Les valeurs humaines de créativité, de responsabilité, de dignité et même de liberté individuelle sont parfois ignorées et même méprisées. L'usage du parapluie qui consiste à se disculper d'avance et à se garder de tout risque de se voir accuser est un recours fréquent. L'on se contente très facilement d'appliquer les règlements comme la seule attitude administrative et légale possible.

 En réalité la société, du haut en bas des lieux de décision, se neutralise et se paralyse par manque de courage et de volonté. La dimension humaine est réduite à néant au profit des dimensions technique et financière devenues prioritaires. Mais comment changer cette dégradation constatée aujourd'hui en de nombreuses entreprises comme dans les services de l'Etat ? En dénonçant les faits constatés, en résistant à cette tendance à ignorer l'humain dans toutes les évolutions économiques et sociales, en réclamant plus de communication, plus d'information comme un droit universel et même une obligation démocratique. Il y a un gros risque à laisser les chiffres, la mécanique et l'informatique devenir locomotives de notre vie commune et, plus grave encore, de penser accepter comme une fatalité d'être à leur remorque.

 Reprenons réellement et humainement la conduite des affaires du monde avant qu'il ne soit trop tard !

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