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Les billets du Père Lucien Marguet
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12 janvier 2014

Pourquoi si peu d'aspirants à la prêtrise ?

Il est vrai que l'une des angoisses ressenties par les évêques et les prêtres à la veille de faire valoir leurs droits à la retraite (à 75 ans) est la raréfaction des vocations au sacerdoce. Le nombre de séminaristes se compte sur les doigts d'une ou deux mains, bien en deçà des chiffres que la relève des prêtres en activité demanderait. Bien sûr on citera tel ou tel diocèse ou communauté nouvelle qui s'en tire mieux que l'ensemble des régions de France. Et chacun tentera d'avancer les raisons de ce phénomène qu'est la baisse considérable des vocations presbytérales pas seulement en France, mais dans toute l'Europe.

 Les uns disent : c'est l'exigence du célibat, c'est l'image triste et démodée donnée par les prêtres, c'est le flou apparent de leur rôle spirituel, moral et social, c'est le manque de considération et de reconnaissance offertes aux prêtres (petits salaires…) par la société, c'est l'effacement des signes et repères religieux dans une société largement sécularisée, c'est la privatisation de la foi de plus en plus considérée comme individuelle, voire intimiste ; à la fonction religieuse (= mettre en lien) de l'Eglise se substituent la toile tissée par internet et toutes les connexions possibles. D'autres parleront de la culture de consommation, du matérialisme, de l'hédonisme, du tout tout de suite, dominée par les diktats des désirs alors que la foi parle d'attente, de durée, de satisfaction différée. Comment, par exemple, s'engager à vie alors que le provisoire, le transitoire, la mobilité, le changement, l'évolution conditionnent le vivre de chacun et de tous collectivement. Dans l'engagement professionnel, la vie de couple, l'adhésion à un groupe particulier (association, club, syndicat, coopérative), la tendance qui prévaut n'est pas à l'engagement long, voire définitif, mais à l'engagement court, à durée déterminée.

 Bien sûr toutes ces raisons qui décrivent le contexte sociétal et culturel, philosophique et moral actuel, n'expliquent pas l'absence de candidats à devenir prêtres. Il faudrait sans doute aussi évoquer l'abaissement de la notion d'idéal, de sacrifice, de don de soi, de gratuité, et une influence prépondérante des notions d'efficacité et d'utilité immédiates, de réciprocité dans les relations humaines, de droit au confort affectif et à se préoccuper de soi. Les mots renoncement, dépassement, sont souvent considérés comme entraves à la bonne réalisation de soi. La croix à porter et qui fait mal fait peur. "Non, Seigneur, cela ne t'arrivera pas".

 Mais l'une des raisons majeures, me semble-t-il, est le délitement de la dimension chrétienne en beaucoup de familles. N'est-ce pas parfois aussi l'absence d'intérêt des paroissiens pour faire vivre leur Eglise ? Les chrétiens se sentent-ils toujours assez responsables de la vie de l'Eglise dont, par leur baptême, ils sont des membres ? N'ont-ils pas trop l'attitude de consommateurs et pas assez celle d'acteurs ? Faut-il alors s'étonner que dans cette atmosphère de désaffection, les enfants et les jeunes eux-mêmes ne perçoivent pas que devenir prêtre vaut le coup d'y consacrer leur vie !

 

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