Préférer, en tout, la vérité

Si le Pape attire des foules sur la place St-Pierre par sa proximité et sa simplicité, son langage imagé et concret, évangélique, son entourage immédiat n'apprécie pas unanimement ses invitations insistantes à plus de vérité et de charité dans les comportements. Le Pape a en particulier plusieurs fois dénoncé les rumeurs colportées et amplifiées dont personne ne connaît la source ni ne s'efforce de trouver de preuves. Ces rumeurs deviennent d'ailleurs incontrôlables, et elles finissent par semer la suspicion et ternir l'image publique de l'institution vaticane et des personnes à son service.

 Il arrive parfois que, pour compenser un manque de reconnaissance, des gens s'en prennent à d'autres, sous couvert de confidences, par des mensonges et des calomnies dont ils savent que personne ne pourra désigner la source ni contredire le contenu diffamatoire. Ce besoin primaire et primitif de vouloir détruire les raisons d'estimer quelqu'un provient parfois du sentiment de jalousie et d'envie. "L'autre" qui se voit réussir, être reconnu, estimé, est ressenti comme un rival qu'il faut faire passer dans l'ombre.

 Pour mener à bien cette entreprise de destruction, tous les moyens sont légitimés. Des phrases seront extraites de conversations et déformées, des attitudes seront rapportées en se gardant d'en décrire le contexte. La pratique de l'amalgame est souvent utilisée par les "diffuseurs de rumeur" : "on m'a dit"… "tout le monde dit que"… Ces adeptes de faux bruits font rarement dans le détail, mais plutôt dans les généralités, et s'il leur est demandé des précisions, ils s'avouent incapables d'en fournir "vraiment". Souvent ces gens camouflent leur récit derrière l'anonymat de leur source dont parfois ils ont fait un "fleuve impétueux". Ces adeptes de "cancans" sont par ailleurs souvent démagogues en public car souvent faibles devant toute chose difficile à dire ou à accueillir. Ils veulent acheter l'estime des gens par la gentillesse de paroles plus susceptibles de plaire que de témoigner de vérité.

 Il n'est pas étonnant que le premier des péchés dans lequel est tombé l'Homme soit le mensonge, la déformation volontaire de la réalité. Et il n'est pas étonnant que la grande quête de l'Homme contemporain soit la vérité sous toutes ses formes ! Depuis l'interrogation sur son origine, sa finalité, l'existence de Dieu, les questions d'authenticité dans la communication, la transmission, la médiatisation, les récits et leur interprétation, que d'invitations faites à l'Homme pour l'honnêteté, l'exactitude, l'exigence constante de liberté et de sincérité, en résumé l'amour de la vérité ! Nous avons tous lu sans doute et apprécié ce texte dans lequel Socrate interroge ses lecteurs sur leur rapport à "la vérité" dans ce qu'ils s'apprêtent à dire : "Ce que tu es sur le point de dire est-il vrai ? Est-il utile à dire ? Est-il juste ?"

 Aucune communauté n'est épargnée par les dégâts possibles de la diffamation, de la calomnie, des rumeurs : famille, village, paroisse, peuvent être des lieux où des gens laissent libre cours à des vengeances suite à de l'amertume qui aigrit leur vie jusqu'à les pousser à être malveillants.