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Les billets du Père Lucien Marguet
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2 avril 2014

La foi et l'action politique

Sur l'échiquier politique français, l'on peut être classé de gauche ou de droite et être chrétien pour qui l'Evangile est une référence "lourde" dans les choix et les engagements de la vie. En effet les mêmes réalités peuvent donner lieu à des analyses diverses et générer des opinions différentes toutes défendables et respectables. La même source d'eau fraîche, le même puits, ne demandent jamais aux passants d'où ils viennent ni où ils vont, l'eau fraîche leur est offerte en abondance. La foi chrétienne est offerte à tous, quelles que soient la position et l'opinion de chacun, des uns et des autres. Il dépend de tant de paramètres de se retrouver dans un camp ou dans un autre, pourvu que les motivations soient les plus nobles et les plus généreuses, les plus lucides et réfléchies possibles, qu'elles visent à servir et faire grandir l'humain et tout l'homme. Le droit, la liberté, la dignité, la justice, la vérité, font partie des signaux indiquant que l'on marche sur une voie utile à la communauté humaine dans laquelle on se trouve. Ces mots "phares" sont incontournables. Seules les façons diverses de les mettre en œuvre sont discutables et opposables.

 Certes, où qu'il prétende se situer sur l'échiquier politique, nul ne peut prétendre instrumentaliser l'Evangile pour cautionner son choix politique. L'Evangile est là comme un aiguillon ou un élargissement et un allongement des points de vue plutôt que pour contresigner une prise de position d'ordre pratique et politique, par nature subjective et particulière. Cela m'a toujours étonné que les chrétiens ne montrent pas facilement en public leur appartenance à l'Eglise. Parfois on évoque la laïcité "à la française" qui entend taire dans l'espace officiel les attachements à des idées religieuses relevant de l'intime.

 J'ai cependant connu aussi des notables qui eux, au contraire, ne cachaient pas leur foi personnelle, en chantant et en recevant la communion à un office. Je me suis souvent demandé pourquoi les uns ne sont pas gênés de manifester leur croyance, certes sans attitude ostentatoire mais plutôt avec discrétion et sincérité, tandis que d'autres s'efforcent de taire leurs convictions et leurs sources ! Sans doute ne sommes-nous pas encore prêts, en démocratie et en République, à nous admettre divers et différents tout en étant tenus aux mêmes idéaux de "liberté, égalité, fraternité et laïcité". Je considère comme un appauvrissement volontaire et dommageable pour le "vivre ensemble" de devoir mettre un couvercle pesant sur ce qui "fait vivre" chacun(e) vraiment. Je suis plutôt pour une large expression ouverte des dynamismes intérieurs grâce auxquels se nourrissent et se déploient nos engagements.

 Bien sûr ces dialogues et débats souhaités doivent être menés avec un esprit tolérant et même bienveillant, un souci constructif, un immense respect de la pensée d'autrui. Toute interdiction d'aborder certains sujets, toute obligation de se conformer à des pensées uniques et uniformes, de se soumettre à certains tabous, sont de nature à empêcher le bon fonctionnement de la démocratie qui, on le sait, est le moins mauvais des systèmes politiques actuellement existants.

Enfin, dans l'éducation mieux vaut apprendre aux enfants et aux jeunes à dire avec respect des autres leurs différences plutôt que de leur interdire de parler de leurs interrogations essentielles et de leurs convictions naissantes.

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