Vers quel visage de l'Eglise ?

Les communautés paroissiales existeront toujours, mais, tout en assurant la proximité, elles seront de plus en plus reliées en réseaux pour remplir leurs diverses missions. Les chrétiens actuels réclament d’être formés sur les plans biblique, philosophique et théologique pour mettre davantage de consistance dans leurs raisons de croire et la foi elle-même. En second ils demandent que le lieu d’église auquel ils se rattachent offre encore plus de convivialité "familiale". Ils apprécient les liturgies simples et belles qui délivrent du sens pour ressourcer leur vie de couple, de parents, de famille. Enfin, ils souhaitent que les valeurs chrétiennes propagées par l’Eglise influencent les options et les décisions de la société par les chrétiens qui y assurent des responsabilités civiles.

 La figure du prêtre qui symbolisait l’Eglise s’effacera encore du fait du nombre décroissant de prêtres, mais aussi du rôle plus important et plus large des fidèles laïcs. Le visage de l’Eglise sera polychrome dans la pluralité des chrétiens dont la diversité et les différences seront davantage reconnues. La mission des prêtres sera de veiller à une cohérence et une cohésion entre les communautés paroissiales, d’interpeller au nom de l’Evangile et de présider l’Eucharistie qui rassemble et nourrit la vie spirituelle et quotidienne des croyants. On devra passer de l'idée que tout ce que les prêtres ne sont plus en mesure de faire, les laïcs doivent le faire, à cette autre idée que tout ce que les baptisés peuvent assurer, ils se doivent de le faire .

 Tout ce qui peut être entrepris et réalisé à plusieurs ne doit jamais l’être sans les autres. La foi chrétienne est engagement personnel; mais en relation aux autres chrétiens. Le chrétien est appelé à vivre sa foi comme si elle relevait de lui seul, tout en l’intégrant dans une communauté de référence . Les prêtres ont trop pris l’habitude, avec l’encouragement des paroissiens, de porter seuls le souci de la Mission et de l’extension de l’Eglise. Aussi tout ce qui permet aux baptisés de prendre leur part réelle dans l’évangélisation et les services que l’Eglise rend au Monde doit-il être encouragé. Ce n’est pas tant le nombre de messes célébrées pour rendre service qui compte que la qualité et la participation des gens qui se rassemblent et composent "le corps vivant du Christ". La messe n’est pas d’abord un exercice spirituel de piété, mais une démarche dans laquelle le Christ édifie son Eglise et assure sa présence par les membres qui forment son corps en communiant à sa Parole et à son Pain de Vie.

 J’ai souvent observé que des chrétiens acceptaient un service en responsabilité, mais avaient peu le souci de détecter d’autres personnes pour prendre la suite après eux. Les sacrements tels que le baptême sont toujours sollicités en nombre, mais peu de gens en tirent les conséquences quand arrive l’âge d’inscrire leurs enfants au caté. Nos évêques, le vicaire général, nous invitent à réfléchir sur l’avenir de nos communautés chrétiennes et à exprimer notre point de vue sur les priorités à se donner au moment où l’on ne pourra plus du tout "faire comme avant" ! Il nous faut élargir notre vision de l’Eglise et abandonner cette conception qui la limite aux pratiquants. N’est-elle pas l’Eglise du Christ comme l’iceberg dont la plus grande partie est immergée et invisible ?