Téléphone à propos d'un baptême…

Coup de téléphone d'une maman à propos du baptême de son deuxième enfant. Elle m'explique calmement qu'elle souhaite ne pas avoir à affirmer qu'elle est croyante alors qu'elle estime ne pas l'être. Car ce n'est pas pour des raisons de foi, mais de tradition familiale, qu'elle et son "compagnon" font baptiser leur enfant comme ils ont fait pour le premier. Elle a participé à la réunion des parents et demande si elle doit encore aller à une autre. Je ressens en ce que cette femme me confie beaucoup de bonne volonté et un désir de ne pas tricher avec la vérité de ce qu'elle est.

 Elle me raconte aussi que le parrain choisi, très capable d'attention et d'écoute, de très bon conseil, n'est pas croyant. Tout en étant baptisé, il ne croit pas mais sera très présent à l'enfant. Je remercie cette personne pour sa sincérité et lui suggère de demander au parrain d'écrire un texte de sa main pour témoigner de ce à quoi il croit et des raisons qu'il a d'accepter de devenir parrain dans un baptême à l'église. Ce qu'il fera, elle en est sûre, car cet ami aime dire ce qu'il pense. Avant de raccrocher, elle s'assure de nouveau que le célébrant, diacre ou prêtre, ne les obligera pas à "proclamer la foi en Dieu", car ce serait les faire mentir.

 Si je raconte ce petit fait de la vie courante d'un presbytère, c'est pour montrer que les personnes qui demandent un sacrement comme le baptême, le mariage, n'osent pas toujours confier leur doute, leur incroyance ou même leur athéisme. Ils craignent de se voir refuser le sacrement. Ce que les paroisses envisagent très peu souvent, en particulier lorsque l'on sent un désir de sincérité et de vérité dans la démarche des demandeurs. "Prêtres, vous n'êtes pas des douaniers", nous dit souvent le pape François. Il nous revient donc de rejoindre les gens là où ils en sont de leur chemin, en n'oubliant pas toutefois que l'Eglise a la mission de susciter dans leur cœur des "ouvertures" pour que puisse y pénétrer la lumière de la vérité et de la tendresse de Dieu. Non ! Les prêtres et les diacres ne sont pas des garde-barrières, mais des accompagnateurs, à l'image du Christ rejoignant les deux disciples tournant le dos à Jérusalem et se dirigeant vers Emmaüs.

 Ce coup de téléphone en pleine saison où se célèbrent les communions, les baptêmes, les mariages, a fait émerger en moi l'immensité du champ de l'évangélisation. Comment mieux faire comprendre que Dieu aime ces gens qui, bien que se disant non croyants, recourent quand même à lui ? Qu'Il voudrait tant se révéler en vérité à eux ? On se trompe si souvent sur Dieu… On l'imagine "ainsi" et en réalité Il est l'inverse ! On pense que cela ne change pas grand-chose dans la vie d'avoir ou pas la foi en Dieu. Alors que croire en Dieu explique l'origine, le sens et l'horizon de notre humanité, notre rapport à la vie et notre relation aux autres !

 En écoutant cette maman au téléphone, je me suis pris à la remercier pour son choix d'être vraie, et à lui dire que ses deux enfants avaient bien de la chance d'avoir de tels parents, car en accomplissant une telle démarche elle montrait son respect pour les croyants dont elle tenait à avouer ne pas être !