Inégalités…

Les inégalités matérielles et financières sont les plus immédiatement visibles, en particulier à travers la possession ostensible de moyens. En réalité, à la source il est d'autres inégalités comme celles liées à la transmission intellectuelle, morale. Tous les hommes naissent égaux en droits et en dignité, mais ils n'ont pas tous les mêmes possibilités et capacités de les faire valoir.

 Un enfant qui nait et grandit au sein d'une famille favorisée sur les plans intellectuel et social aura plus de chances de développer en sa personnalité ce qu'il aura reçu de ses parents et de son entourage. Ce ne sont pas les disparités pécuniaires qui génèrent des inégalités durables, mais d'abord les différences de goût, de désir et de faculté à analyser, à réfléchir, à discerner, à agir et réagir, à surmonter les manques et difficultés avec énergie et volonté, qui finissent par installer des retards, creuser des inégalités sociales, culturelles, familiales…

 Or des personnes peuvent ressentir ces différences comme des injustices, de la malchance, et y perdre la confiance en eux et dans les autres. De la comparaison à la vie d'autres personnes peut naître un sentiment de jalousie dont l'effet est destructeur en la personne qui le développe comme en ceux qui en sont la cause. La jalousie gangrène les aptitudes et jamais ne les stimule. Il est difficile de s'accepter soi-même avec ses grandeurs et ses limites. Il est difficile de consentir à ce dont chacun hérite de sa famille, de son environnement familial, culturel et social, voire religieux. Il est difficile de relever les défis qu'offre à chacun sa propre vie, toujours distincte et singulière entre toutes les autres vies.

 Il ne s'agit pas ici de légitimer et légaliser les inégalités criantes et de prêcher une soumission servile à ce qui est. Il s'agit plutôt de ne pas se sentir dans l'oubli et l'obscurité parce que d'autres semblent être dans la lumière ! La réussite visible des uns ne doit pas être ressentie comme une atteinte à celle des autres. Les uns et les autres peuvent trouver une satisfaction dans des domaines différents. Il est des gens qui ne feront jamais fortune, même parfois manqueront de moyens matériels, et qui trouveront le bonheur, et des gens pourvus d'argent et de relations sociales qui seront en quête toute leur vie durant d'un bonheur jamais trouvé.

 Il est un discours revendicatif d'égalitarisme qui me parait illusoire. Mieux vaut chercher à ne pas valoriser à l'excès telle ou telle situation humaine qui aurait un statut de valeur universelle : posséder beaucoup de biens, devons-nous le souhaiter à tout le monde indistinctement ? Par contre, comment ne pas souhaiter à tout être humain de pouvoir développer ses potentialités, ses dons et qualités, qu'ils soient modestes ou nombreux, pour se sentir une "personne" qui compte au milieu des autres…