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Les billets du Père Lucien Marguet
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9 novembre 2014

A propos du "memento des morts"…

En acceptant de prier pour les morts en une longue litanie au cœur de la messe paroissiale hebdomadaire, l'Eglise rejoint les familles qui n'oublient pas les êtres chers dont elles ont été les compagnons de vie terrestre. Et les familles qui ont donné une offrande en faveur de la communauté attendent que soit cité le nom de la personne "recommandée à la prière" des fidèles. Cette pratique louable, d'ailleurs quelque peu variable d'un endroit à l'autre, peut cependant dériver en un culte des morts excessif !

 En effet, si les chrétiens en venaient à être identifiés comme ceux qui ne parlent et ne pensent qu'à "l'au-delà", on pourrait alors leur faire remarquer que la mission de l'Eglise est d'abord d'annoncer la Bonne Nouvelle de l'Evangile de vie, apportée par les paroles et les actes, par la vie même du Christ. L'Eglise n'a pas pour seule tâche de nous faire regarder le Ciel et l'Eternité, elle est aussi là pour nous donner les moyens et nous fournir les occasions de connaître Jésus pour en vivre dans "l'aujourd'hui de nos vies". L'Eglise a pour mission de nous montrer le "chemin, vérité et vie" qu'est le Christ et de nous permettre ainsi de tenir la direction, le sens et l'horizon de notre route.

 Que penser d'un village qui édifierait un beau monument aux morts, entretiendrait très propre un beau cimetière paysager et négligerait l'école du village, ses classes et sa cour de jeux ? L'Eglise n'a pas non plus vocation première à s'occuper des morts, elle veut s'occuper des vivants dans leur existence aux traversées parfois difficiles, dans leurs décisions et leurs engagements, dans les périodes de bonheur et celles de malheur, leurs réussites et leurs échecs. Trop laisser développer le culte des morts peut détourner de s'impliquer auprès des vivants qui réclament présence et énergie, fidélité, persévérance et créativité. Une Eglise qui ne penserait qu'aux morts donnerait une image incomplète de sa mission qui est d'accompagner l'humanité dans le déroulement de son histoire.

 Je sais que les ethnologues font de la découverte des traces du culte des morts la preuve de la présence humaine croyant en une survie des esprits "post-mortem". Mais les chrétiens ne croient pas seulement en la vie après leur séjour sur terre, ils ont la conviction que dès leur vie actuelle ils développent par leurs choix, leurs paroles et leurs engagements une vie que la mort n'atteint pas, mais au contraire transforme pleinement en la libérant de ses contraintes et de ses lourdeurs.

 Ainsi donc, faire mémoire de nos proches décédés, c'est faire œuvre de justice parce qu'ils ont tellement compté pour nous, c'est avoir pour eux de la reconnaissance, c'est aussi vérifier que l'héritage moral et spirituel qu'ils nous ont transmis, non seulement nous ne l'avons pas oublié, mais nous l'avons adopté et adapté à notre propre compte avec discernement, fidélité et courage. En résumé, oui, il nous faut nous souvenir des morts, mais jamais aux dépens de notre devoir de fournir aux vivants qui nous entourent les raisons et les convictions, le sens et l'horizon de la vie temporelle. Avant l'arrivée, il faut assurer le trajet…

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