Evitons les bavardages… allons à l'essentiel

Chacun de nous le sait, certaines personnes n'en finissent pas de parler tandis que certaines autres sont "muettes". Les premières auraient-elles plus de choses intéressantes à partager et les secondes ne détiendraient-elles aucune richesse personnelle ? En réalité, diverses raisons peuvent expliquer cette disparité souvent constatable dans les conversations libres en groupe, les rencontres informelles, les repas familiaux et plus encore les réunions-débats organisés.

 Disons-le, certains ont la parole facile et trépignent d'impatience de la prendre, tandis que d'autres se feront prier pour donner leur point de vue. Il arrive même parfois que les bavards envahissent l'espace de la conversation, à la façon dont les flots de la mer envahissent la plage à la marée montante. Rien ne résiste alors à cette inflation de paroles qui vous submerge sans permission. L'entourage est alors obligé d'écouter et de subir sans grand moyen d'intervenir ni de contenir. Chacun attend la fin du monologue, par épuisement ou par un résistant qui contredira, par la puissance de la voix ou la pertinence de l'objection, tel un souffle capable d'éteindre un incendie naissant. Mais les extincteurs de bavardages inutiles sont-ils si nombreux ?

 Pendant ce temps, que l'on peut considérer comme quasiment perdu, de récits arrangés concernant autrui, de petites piqûres de la vie confiées avec force détails, de propos approximatifs ou carrément inventés, l'essentiel qui mine ou détruit ou au contraire donne à vivre est occulté, reste enfoui dans les cœurs et n'est pas partagé. On se croise sans se rencontrer, sans se reconnaître, sans échanger et s'enrichir mutuellement en vérité.

 Avec tact et un immense respect du jardin des autres, sachons nous intéresser vraiment aux autres. Par du silence attentif qui suscite la parole de l'autre, par des questions non intrusives mais délicates qui appellent la sincérité et par-dessus tout la confiance. Ne vous mettez pas sur un piédestal comme un prêcheur qui sait tout, mais soyez comme un serviteur qui a beaucoup à recevoir. Si vous êtes plusieurs, prenez les moyens de calmer l'ardeur des beaux parleurs et soutenez la prise de parole de celui dont le visage affiche son désir de s'exprimer, mais dont la bouche a du mal à s'ouvrir. Faites en sorte que les uns et les autres, à travers leurs moyens d'expression inégaux, puissent dire leur vérité et se sentir écoutés, respectés et appréciés.

 Souvent dans les groupes se dessine un meneur : soyez celui-là ou celle-là, non pour dominer ou imposer votre point de vue, mais pour que chaque membre du groupe puisse donner le sien. Chacun(e) doit se connaître et sait qu'il aura des efforts à faire dans la communication avec les personnes rencontrées. Non seulement les  bavards devront maîtriser leur envie continuelle de parler, mais les "taiseux" devront se forcer à diffuser leur point de vue sans craindre de s'exposer et de se voir contestés. Tous le feront avec humilité, mais aussi avec la conviction de pouvoir ainsi s'enrichir mutuellement "vraiment" en partageant leurs "essentiels"…