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Les billets du Père Lucien Marguet
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22 décembre 2014

Quelle société ?

La vie en société se déroule souvent par cercles dans lesquels les gens se connaissent et se fréquentent en ignorant la plupart du temps ceux des autres cercles et en étant peu enclins à aller à leur rencontre. Ces gens en cercles se reçoivent, s'estiment, mais peuvent aussi entrer en compétition les uns avec les autres jusqu'à la division et l'exclusion, et aussi la réconciliation et le pardon. Souvent l'autosuffisance est recherchée dans ces lieux et moments de vie. Ainsi, n'ayant pas besoin les uns des autres et de leur "ailleurs", on n'a aucune occasion de s'adresser à eux. On peut ainsi vivre des années en proximité sans jamais se parler ni se connaître.

 Ces cercles, aussi appelés "réseaux de connaissances", naissent par une même sensibilité sociale, les relations scolaires des enfants, des centres culturels communs : musique, sport, association…

La chance offerte par ces cercles de relations, c'est de rompre l'isolement, c'est d'offrir de "sortir" de chez soi et de soi, du "cercle" familial, parfois restrictif, d'élargir les possibilités de se confronter, de s'instruire et de bénéficier de moments de détente conviviale.

Le danger encouru par ces cercles, c'est de s'enfermer sur eux-mêmes et de ne se satisfaire que de ce qu'ils y trouvent. Ils contribuent alors à atomiser la société et à fragiliser le lien social, en ne la voyant qu'à travers leurs besoins et leurs projets personnels, quand ce n'est pas le seul souci de la défense de leurs intérêts catégoriels.

Une société où l'on n'a d'intérêt que pour soi et les siens est alors hautement en danger, surtout si les instances chargées de sa régulation perdent leur crédit d'impartialité et d'autorité reconnue. On pourrait dire que chaque cercle passe son temps à tirer la couverture à lui sans s'apercevoir qu'elle couvre les siens aux dépens des autres qui du coup claquent des dents.

 On pourra bien sûr faire valoir que dans notre pays la solidarité est inscrite et pratiquée en de nombreux domaines : l'école obligatoire et gratuite pour tous, la famille avec les allocations allouées pour chaque enfant, la santé avec la sécurité sociale, les aides au logement, aux chômeurs… Toutes ces assurances et protections viennent s'inscrire en faux face aux "cercles" qui "avancent" en s'ignorant. Cela a l'allure en effet d'une cohésion sociale, mais en réalité, au moment des élections par exemple, on voit bien que les candidats établissent leurs promesses à partir des désirs supposés ou exprimés des citoyens selon les cercles auxquels ils appartiennent. J'ai rarement entendu dans la bouche d'un futur élu l'engagement à retirer aux uns pour donner à d'autres. Par contre, comme électeur j'ai souvent entendu promettre que tout le monde serait gagnant à accorder son vote à telle ou telle personne vantant ses capacités à mettre en œuvre ce qu'elle annonce !

 C'est une des missions de l'Eglise et de ses membres, les chrétiens, que de contribuer à ouvrir ces cercles aux "autres", d'édifier des ponts permettant les rencontres, de créer des lignes de communication pour en parler et des carrefours pour se croiser et se rencontrer. Car le monde à venir n'est pas au repli sur soi, mais à l'ouverture aux différents prochains et lointains.

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