Edifier et consolider le "Bien commun"…

Si tous les êtres humains sont d'égale dignité, leur lieu de naissance géographique, leur origine sociale et culturelle, leur quotient intellectuel génèrent entre eux dès leur enfance des disparités parfois profondes et durables, que le souci du Bien commun devra ne pas ignorer… Le Bien commun devra sauvegarder leurs droits à se nourrir, se vêtir, se loger et accéder aux savoirs et à un emploi.

 Le vivre ensemble harmonieux ne peut tolérer en effet que des gens moins "favorisés" au commencement de leur vie soient comme marginalisés et perdants toute leur vie durant. L'établissement du Bien Commun doit créer les conditions favorables pour que chacun développe ce qu'il a reçu de capacités. Et, s'il a un retard ou un déficit, pour qu'il soit aidé davantage pour combler ces derniers, afin de pouvoir prendre une place où il comptera pour les autres et où ceux-ci pourront compter sur lui.

 Avoir le sens du Bien commun, c'est donc instaurer des rapports entre citoyens, groupes, dans lesquels les individus peuvent devenir des personnes, "sujets égaux en droits et en devoirs", tout en étant toujours très différents. Le Bien commun n'est pas un assemblage de biens particuliers, mais un bien supérieur partagé par tous. Peuvent compromettre et affaiblir le Bien commun les revendications qui ne visent que les satisfactions catégorielles, pour lesquelles les uns vont obtenir gain de cause aux dépens d'autres groupes moins puissants ou influençants.

 L'égalité et la justice ne reposent pas sur la notion d'équivalence ou de similitude, mais sur une répartition proportionnée des richesses, qu'elles soient culturelles ou économiques, morales. Dans une famille, les parts de gâteau du benjamin et du grand frère aîné peuvent être équitables, car affectées selon l'appétit de chacun des deux, tout en étant inégales. Le Bien commun ainsi envisagé dans le respect des différences peut de cette façon alimenter des raisons et des conditions d'un "vivre ensemble" pacifiques et sereins. Des écarts trop excessifs et injustifiés dans les échelles de salaires peuvent créer des sentiments d'injustice qui fissurent le lien social et dégénèrent en poudrière parfois explosive.

 Le Bien commun dépend donc de la conscience et de la raison de tous. Ceux qui "ont" doivent exercer en eux maîtrise, tempérance et mesure pour ne pas sombrer dans la spirale du "toujours plus". Ceux qui "manquent beaucoup" doivent quant à eux ne pas s'isoler ni baisser les bras, mais se regrouper et faire connaître la réalité de leur condition. Le Bien commun n'ignore pas les "biens particuliers" ; il les inclut dans ses projets mais en même temps les invite à ne pas considérer seulement leurs intérêts, mais aussi ceux d'autres catégories. Il est normal que des parents aient souci de promouvoir leur famille, mais il est aussi souhaitable qu'ils n'ignorent pas le Bien commun dont toutes les familles ont besoin.

 On l'aura compris, le Bien commun doit s'établir au bénéfice de tous, mais aussi grâce à chacun qui acceptera de renoncer à certains avantages pour que d'autres puissent accéder au nécessaire pour vivre et se développer.