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Les billets du Père Lucien Marguet
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13 février 2015

La place de l'arbre dans l'histoire du salut

Il n'existe en hébreu qu'un seul terme pour désigner à la fois l'arbre et le bois. L'arbre a été créé au 3ème jour de la genèse de l'univers : "Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant semence, des arbres fruitiers donnant, selon leur espèce, des fruits ayant leur semence sur la terre"

Or ces plantes et ces arbres ont été créés pour le service des êtres vivants : "Voici que je vous donne toute herbe portant semence à la surface de toute la terre et tout arbre qui a en lui fruit d'arbre portant semence : cela vous servira de nourriture." "De tous les arbres du jardin tu peux manger. Mais de celui de la connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras sûrement."

 On remarque donc un lien étroit fait entre la présence de l'Homme sur terre et celle des arbres. Le travail au sein de la création est pour l'homme une loi reçue de Dieu. La nature originelle est bonne et belle. En désobéissant à l'interdit de toucher à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, l'homme prétend s'affranchir de la loi divine. Il fait de son propre jugement la norme de ses actes, sans référence à Dieu. Il en vient à prendre le bien pour le mal et le mal pour le bien (Isaïe v20). Tout le travail de la Rédemption sera de ramener l'homme à sa condition originelle. C'est pourquoi l'arbre de la Croix sera le nouvel arbre de vie.

 Tout au long de l'histoire du salut, le Seigneur établira des préfigurations de la Rédemption par la Croix. Ainsi, dès le déluge on retrouve le bois devenu dès lors instrument de salut : "Dieu dit à Noé : fais-toi une arche en bois équarri"… Cela représente une péniche de 135 m de long, 22,50 m de large et 13,50 m de haut. Tandis que le mal était submergé et lavé par les eaux, l'espoir d'une génération nouvelle se réfugia sur un radeau… Il est béni, le bois par lequel advient la justice.

 Bien des siècles plus tard, l'histoire des peuples d'Israël, première étape de l'histoire même du salut, va commencer sous un arbre, le chêne de Mambré, lors de la mystérieuse apparition divine à Abraham. Cet homme sans enfant et sans avenir reçoit ces trois personnes de passage qui font la promesse que Sara, l'épouse d'Abraham, aura un fils l'année suivante.

Le chêne est abondant dans les pays bibliques. Arbre solide et puissant, souvent isolé et à ce titre point de repère, la fraîcheur de son ombre est volontiers recherchée. Sa longévité symbolise le repos éternel. Les patriarches d'Israël ont souvent voulu être enterrés sous son ombre.

Voilà qu'Isaac nait et fait le bonheur d'Abraham et de Sara. Dieu va leur demander de le lui offrir en sacrifice. Et on retrouve la présence du bois : "Abraham prit le bois de l'holocauste et le chargea sur son fils Isaac". Mais l'ange du Seigneur interrompt le déroulement du sacrifice auquel consentait son père : "Ne lui fais aucun mal. Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique."

A travers Isaac portant le bois en vue de son sacrifice, on perçoit l'image de Jésus portant sa Croix pour monter au calvaire ; quant au bélier pris aux cornes dans un buisson, c'est aussi la figure du Christ, l'Agneau de Dieu couronné d'épines.

 L'épître aux Hébreux, tout en présentant Abraham comme un modèle d'obéissance et de foi en Dieu, soulignera le caractère figuratif de cet événement. Le Livre de l'Exode parle, lui seul, d'un autre bois, le bois de Sétim, un bois imputrescible. Il s'agit de l'acacia. C'est avec ce bois que devra être construit tout le mobilier sacré du Tabernacle, cette Tente qui servira de Temple aux Hébreux jusqu'à la construction par Salomon du Temple de Jérusalem (de 1250 à 950 avant J.C.). Cet acacia sera ainsi le matériau de l'Arche d'Alliance, de la charpente et des colonnes de la tente, de l'autel des sacrifices, de l'autel de l'encens…

Vers l'an 400 saint Jérôme, qui vivait alors à Bethléem, décrit ainsi l'acacia : "Il y a dans le désert une espèce d'arbres, semblable à l'aubépine par la couleur et par les feuilles, mais non par la taille. Ce sont en effet de si grands arbres qu'on en scie des planches d'une très grande largeur, dont le bois est très résistant et en même temps d'une grande légèreté et d'une beauté incroyables ; à tel point que les plus soigneux en confectionnent des vis  de pressoirs…"

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