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Les billets du Père Lucien Marguet
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4 décembre 2015

Des crèches : pourquoi ?

Au 13ème siècle, pour célébrer Noël, saint François d'Assise a eu l'idée de représenter Jésus avec des personnes vivantes sous forme de petits spectacles que l'on a appelé "crèches vivantes". On a ensuite représenté ces scènes avec des petits personnages, et chaque famille a ainsi pu dresser "sa crèche" dans sa maison. On a souvent fait de la première crèche de Greccio en Ombrie, où avaient été amenés un âne et un bœuf véritables, une façon de montrer que Jésus Fils de Dieu avait pris corps en  humanité dans la simplicité et l'humilité d'une grotte. Plus tard, les jeux liturgiques émigrèrent vers le portail des églises qui s'y prêtaient mieux.

Au 15ème siècle apparaissent en Italie des crèches permanentes dans les églises. Elles rappelaient le début et le fondement du christianisme qu'est l'Incarnation de Dieu sur terre en Jésus de Nazareth né à Bethléem en Judée. Les communautés chrétiennes prendront alors l'habitude d'installer des crèches en utilisant des matériaux de la région et de la culture où elles s'insèrent. Ce n'est alors plus seulement l'idée de reconstituer le cadre historique de la naissance de Jésus dans sa terre palestinienne qui prévaut, mais cette conviction de foi que Jésus "nait" et se rend présent aujourd'hui, dans la diversité des situations et des conditions de vie des hommes. Aussi, selon qu'ils habitent des villes ou des villages, ceux-ci peuvent représenter la naissance au milieu de grandes tours HLM, dans une maison, une usine, une école, les vestiaires d'un gymnase, sur une plage, une aire d'autoroute, dans une forêt, au sommet d'une montagne, endroits insolites comme l'était l'étable de Bethléem.

Ce qui peut donner l'idée d'installer une crèche rappelant l'origine de la fête de Noël dans l'église du village, mais pourquoi pas aussi sur le parvis, dans le jardin d'une maison, dans l'abri bus, ou sur le bord d'une rue ou d'une route, dans le but de montrer que Dieu se fait si proche qu'il habite au milieu de nous.

Il est pourtant une limite à cette créativité imaginative : c'est que l'endroit où la crèche est installée ne vise jamais à heurter la sensibilité des gens qui ne croient pas en Jésus. Car à trop vouloir montrer sa foi, ne risque-t-on pas parfois de blesser ceux qui ne la partagent pas ? N'oublions pas que celui que nous mettons en avant dans les crèches est entré dans le monde avec humilité et discrétion, et que sa vie s'est déroulée sans jamais vouloir s'imposer de force, mais en répétant souvent cette phrase à ceux qu'il guérissait de corps ou d'âme : "Si tu veux, viens et suis-moi"… La même délicatesse, me semble-t-il, doit inspirer nos désirs, certes louables, d'en témoigner auprès de nos contemporains.

Au demeurant, toutes ces précautions étant prises, il est heureux que des crèches, moyens visuels traditionnels, permettent au maximum de gens de nos cités et communes de se souvenir que Noël, ce n'est pas la fête du sapin ni de la bûche – même s'ils contribuent à la fête -, et que les enfants sachent que les cadeaux que leur offre l'affection de leurs parents au moment de Noël, ils les doivent à un certain Jésus de Nazareth né il y a deux mille ans dans un petit pays nommé "Palestine".

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