Jésus a autrement incarné ces mots…

Entre autres nouveautés apportées par Jésus, il y a celle d'avoir transformé le contenu et le sens de certains mots comme pouvoir et puissance. Selon leur conception immédiate et instinctive, les êtres humains imaginent la puissance comme la capacité de s'imposer aux autres et de les commander, les dominer, les influencer dans leurs idées et leurs actes, jusqu'à se substituer à leur conscience. Ce qui est l'extrême de cette conception.

Lorsque cette forme de puissance rencontre des oppositions, elle peut recourir à la violence, convaincue des droits supérieurs des plus forts sur les plus faibles. Or Jésus a soumis la loi des forts et des puissants au droit des petits à faire valoir leur liberté d'adhérer ou non, d'accepter ou pas. Jésus a fait de la puissance et du pouvoir une capacité et une possibilité de servir et d'aider. Avec Jésus le pouvoir ne domine pas, il se fait proche et humble. Il ne passe plus en force, il appelle et sollicite. Il développe le désir de s'investir, de donner le meilleur de soi-même, de devenir meilleur. Là où la réaction est téléguidée par l'instinct de revanche et de vengeance, Jésus apporte la solution du Pardon et du rétablissement du dialogue. Là où l'on conditionne le bien à accomplir à une rétribution escomptée, Jésus parle de gratuité sans réserve !

Ce qui est bien, bon, beau, positif, meilleur, vital, est un don permanent offert par Dieu, non en fonction des mérites de celles et ceux à qui il les destinerait comme pour les rétribuer, mais seulement à la mesure de l'ouverture de leur âme pour accueillir les dons gracieux de Dieu. Ce n'est pas parce que je l'aime que Dieu m'aime. Dieu aime éternellement et universellement. Aussi le chrétien, disciple et ami de Jésus, est-il invité à convertir la réalité des mots pouvoir, puissance, pardon, grandeur, amour, au crible de la façon dont Jésus les a lui-même "incarnés" dans sa vie.

Avec lui le petit, le faible, le dernier devient centre et pivot.

Avec lui l'amour de la puissance devient la puissance de l'Amour.

Avec lui la vengeance par la violence devient la force du Pardon.

Avec lui les frontières qui séparent deviennent des raisons de se rencontrer.

Avec lui les différences qui menacent de creuser des divisions deviennent des richesses à associer.

Avec lui le mal qui vise à détruire doit être condamné sans détour et son auteur explicitement invité à modifier ses comportements.

Oui, Dieu est tout-puissant, mais de liberté, d'amour, de pardon, de créativité.

Oui, Dieu est omniprésent et visible, mais à travers des signes, des événements. Il se laisse deviner : dans les silences et les attentes, les déserts et les foules. Dieu n'est pas dans le vacarme effrayant des vents violents… mais dans la brise légère qui agite doucement les feuilles des grands arbres et des arbustes…