Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
12 mars 2016

Le monde rural "souffre"…

Nombre d'agriculteurs et d'éleveurs n'arrivent plus à vivre des fruits de leur travail. Les causes en sont multiples et les solutions complexes. Il n'empêche que force est de constater que cette situation de précarité et parfois de pauvreté est particulièrement injuste. Car les agriculteurs et les éleveurs sont nos fournisseurs alimentaires. Ils sont les alliés de la terre nourricière et nous obtiennent par leur courage et leurs efforts ce qu'il nous faut pour vivre.

Souvent confrontés aux aléas climatiques, tenaces et persévérants, ils apprennent à composer, et souvent à recommencer ce qui peut apparaître menacé ! Ils ont beau détenir des moyens techniques et mécaniques jamais égalés, c'est quand même eux, les acteurs principaux, qui choisissent, décident et font. L'informatique et l'électronique, les moyens prévisionnels du temps à venir ne font pas tout. Ceux-ci sont de bons instruments, mais ils ne remplacent pas le fait d'avoir à prendre des décisions judicieuses et à "demeurer debout" dans les adversités traversées.

Il me semble que la société, en Europe, en France et même dans la mondialisation, se doit de donner au monde paysan de tous pays les moyens décents et corrects de vivre lui-même, lui qui les fournit à l'ensemble de l'humanité. Je sais que cette situation actuelle, - qui voit des éleveurs renoncer à posséder des vaches parce que le litre de lait est vendu à perte, des cultivateurs confrontés au fait que les surfaces cultivables exigées pour "s'en tirer" à peu près doivent être de plus en plus grandes, - reflète la tendance généralisée en agriculture et en élevage qui est à l'extension… et que ce mouvement asphyxie les "petits" et les élimine peu à peu, en silence ! Certains vont même jusqu'à se "re-tirer" sur la pointe des pieds en "se donnant la mort", acte extrême qu'ils ressentent comme le seul choix libre qui leur reste dans leur vie naufragée…

Dans ces domaines, comme en tant d'autres, il est urgent de remettre l'Homme au centre de toute l'économie rurale, productive et commerciale. Les centrales d'achat et de revente, les intermédiaires, comme on les appelle, les grandes enseignes alimentaires, doivent choisir de maîtriser les prix de vente et ne pas prendre en otages ceux qui les produisent. Les clients doivent aussi se montrer plus conciliants lorsqu'il leur est demandé des prix justes. Quant aux gouvernants des états, n'est-il pas dans leur mission de veiller tant à la régulation des productions, afin d'éviter tout excès, qu'à la justesse des prix, afin qu'ils demeurent maîtrisables et raisonnables ?

Il semble que le laissez-faire total dans la production et dans la vente soit préjudiciable aux acteurs principaux que sont nos agriculteurs et nos éleveurs, aussi créatifs et inventifs qu'ils puissent pourtant être en créant des niches d'activité complémentaires à celle qu'ils pratiquent et se transmettent de génération en génération.

A l'émission de Radio Chrétienne Francophone intitulée "Vouziers, vous y êtes", je suis chaque fois admiratif de la capacité qu'ont les ruraux, artisans, commerçants, et spécialement les agriculteurs, les éleveurs, les maraîchers, de faire face aux difficultés, de "rebondir" et d'avancer en humanité malgré tout ce qui peut leur arriver. A force de laisser la loi libérale de l'offre et la demande régenter toute l'économie de nos échanges, la recherche d'un profit financier toujours plus grand devient le moteur quasi exclusif de la vie personnelle et sociale !

L'esprit de coopération et de mutualisation, comme il a existé dans nos régions depuis 50 ans, ne doit-il pas redevenir le cadre de la production et de la commercialisation en remplacement du "chacun pour soi" individualiste qu'induit le modèle libéral débridé ?

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité