"Je suis venu pour qu'ils aient la vie", disait Jésus

Comme prêtre de l'Eglise catholique, j'ai accepté de ne pas fonder de famille, de renoncer à la paternité biologique. Or, en faisant un rapide bilan de mon itinéraire, je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir été éloigné de "la vie"…

Celle des gens qui, à l'occasion d'un événement de leur existence, bonheur ou malheur, souvent très marquant, m'ont sollicité à le mettre sous le regard de Dieu. Ils attendaient de ma part une proximité et un accompagnement dans ces étapes qui étaient pour eux sources d'interrogations et même de transformations. En les accueillant, en les écoutant, en essayant de les connaître et de les comprendre, sans les juger, j'ai le sentiment de les avoir aidés à franchir ces portes et ces écluses de leur vie. Ainsi, en étant pour eux une personne disponible et abordable, une oreille et un cœur attentifs, avec un peu de réflexion qui discerne et une sagesse qui donne sens, je pense avoir soutenu la vie des personnes qui se sont adressées à l'Eglise.

Ces gens avec qui il m'a été donné de faire un bout de route étaient bien sûr très divers par l'âge, l'origine sociale et culturelle, les convictions et les opinions, les besoins, les aspirations…

Les jeunes parents ravis d'avoir donné la vie, j'espère les avoir convaincus de l'appui même de Dieu, Père de toute vie et source de tout Amour.

Pour les couples dont j'ai préparé et célébré le mariage, j'ai essayé d'être le "manœuvre" de leur "chantier", qui pose les moellons et le ciment de la fondation de leur maison commune.

Aux enfants des quatre années de caté comme à ceux qui poursuivaient en équipe d'aumônerie, jusqu'à ceux qui choisissaient de confirmer leur foi, j'ai répété qu'avoir Jésus-Christ comme ami et compagnon de route, ce n'était pas ringard, mais au contraire une grande chance pour leur futur !

Aux familles dans la douleur de perdre un être cher, parfois un jeune fauché par la mort en plein élan vers son avenir, j'ai témoigné de l'Espérance de l'entrée dans une vie devenue "autre". J'ai aussi essayé de montrer qu'une vie n'est pas réussie seulement par le nombre de ses années, mais par son intensité humaine, fût-elle interrompue brutalement et bien trop courte !

Il m'est arrivé d'avoir à chercher une sortie avec des personnes venues me confier leur vie parfois empêtrée dans un contexte social et familial complexe et éprouvant. Par mes silences et le "recueillement" patient de leurs confidences, je me suis interdit d'émettre des reproches et me suis contenté de poser quelques questions pour favoriser la confiance. Ainsi, je pense avoir aidé des "blessés de la vie" à trouver des voies de guérison.

Je dois tout de même avouer qu'il m'arrive souvent de me remettre en cause sur la façon dont j'ai assuré ce service de "la vie" tout au long de ces années de ministère sacerdotal. Dans mes pensées, mes paroles, mes actes, mes comportements, ai-je donné aux personnes rencontrées le goût et l'énergie pour choisir toujours "la vie" ?