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Les billets du Père Lucien Marguet
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20 novembre 2016

Le Christ, Roi de l'Univers

Depuis la nuit des temps, les hommes se sont fabriqué des représentants de Dieu. Or nous, chrétiens, nous n'avons pas à imaginer Dieu. Puisque nous le découvrons par Jésus, icône de Dieu. Avec lui, nous découvrons Dieu dont la puissance vient bouleverser nos rêves et nos idées de puissance.

Parler du Christ comme d'un roi, ce sera vouloir concilier l'image du service, de l'humilité, de l'enfouissement dont parle l'Evangile, et la royauté qui évoque la puissance, la domination, la célébrité, les honneurs. Oui, Dieu est Toute Puissance. En tous cas, jamais pour faire valoir, faire une démonstration de sa Puissance, car Dieu est Tout Puissant de respect et d'Amour, de finesse et de délicatesse.

Or, chacun de nous le sait, s'il est une puissance qui s'impose par la force et le maintien sous tutelle, il est une autre puissance qui au contraire s'efface pour laisser l'autre grandir en liberté et en responsabilité. Il existe de gros arbres qui servent de tuteurs aux petits, d'autres qui les dominent et les empêchent de grandir.

Oui, le Christ entend bien être reconnu comme un Roi, mais sa puissance est faite d'engagement, d'implication, d'Amour et de persuasion. Le pouvoir du Christ sollicite la conversion libre et volontaire, l'adhésion et l'engagement consenti. Le royaume auquel le Christ convie et préside ne connaît ni la domination ni la coercition. Seuls la liberté, la vérité et l'Amour y sont proposés. Pour le Christ, seule la toute puissance de son Amour révèle la logique de sa présence sur terre. "Si tu veux, viens et suis-moi", dit-il aux gens mêmes qu'il libère d'une maladie ou d'une exclusion. Même le bien accompli, Jésus ne l'utilise pas comme un moyen de pression pour faire un adhérent de plus ! Tous ne deviendront pas disciples. Dix lépreux ont été guéris, un seul est revenu dire merci.

Attention ! La puissance de l'Amour n'est pas un aveu de faiblesse, ni une dérobade. Renoncer au pouvoir qui gouverne par la crainte ou pire la terreur, c'est choisir la puissance de la liberté et de l'amour, ce n'est pas mettre en jachère des talents ou omettre son devoir de commander et encore moins ne pas oser prendre des décisions difficiles. C'est positivement concentrer sa force dans une logique de service. Jésus parlait avec autorité et savait ce qu'il voulait. Avec une force qui n'entamait pas la personnalité de ses auditeurs, mais au contraire l'alimentait, de lucidité, de liberté, de capacité à se diriger eux-mêmes.

Il est vrai que ce choix de la vérité, du service et de la miséricorde comme seule expression de la puissance n'a pas toujours été compris par les plus proches de Jésus. Un jour, certains voudraient qu'il envoie le feu du ciel sur un village qui les a mal reçus. Pierre, un autre jour, essaye de faire renoncer Jésus à passer par le jugement et la mort en croix. Un autre jour encore, ils se chamaillent à propos des places qu'ils occuperont dans le Royaume. Sa façon d'accepter la condition humaine jusqu'à subir le supplice des maudits étonnera tout le monde. On n'imaginait pas un Messie de la façon dont Jésus a vécu.

Or pourquoi s'étonner d'un tel parcours ? D'une telle démonstration par le concret du visage de Dieu ? En venant habiter sur terre, Jésus ne venait pas s'asseoir à la table de la vie humaine et manger d'autres plats que ceux servis aux hommes. La peine, la souffrance, le rejet, le malheur innocent. Jésus a été tenté d'y échapper en faisant appel à ses pouvoirs divins. Jamais il n'a succombé. Aussi son humanité est-elle devenue exemplaire. Avec l'appui de l'Esprit, la puissance peut ne plus s'appuyer sur la violence. Le progrès ne se fait contre personne. Le développement de chacun ne se fait pas aux dépens de celui des autres. Le commandement et l'application des lois n'entravent plus, mais deviennent des tremplins de la libération.

Avec Jésus, nous découvrons que Dieu n'entend pas régner par la force, mais faire appel à la libre détermination de chacun. Dieu ne s'impose ni n'impose, mais propose. Il n'intimide ni ne menace, il appelle et interpelle. L'homme debout et qui progresse réjouit le coeur de Dieu. Le règne de Dieu n'est jamais bâti sur l'ignorance, les erreurs ou la faiblesse de l'homme. De la raison humaine qui cherche à comprendre, de la conscience qui choisit son chemin, de la volonté qui s'engage, Dieu se réjouit. Jamais Dieu ne regarde l'homme comme un rival de ses prérogatives.

Pour comprendre, accepter, adhérer, donner sa confiance à un tel Dieu tout-puissant de respect et d'Amour, il n'est pas d'autre chemin que celui de la conversion à une conception inverse que nous avons instinctivement de Dieu.. Et ce n'est pas si aisé, à en juger par les images contrastées de Dieu diffusées à travers les événements du 11 septembre aux Etats-Unis et leurs conséquences.

 L'image caricaturale d'un Dieu terroriste donnée il y a quelques années par Ben Laden qui disait : "Dieu a dirigé les pas d'un groupe de musulmans qui ont détruit l'Amérique et nous implorons Allah d'élever leur rang et de les admettre en paradis". Ben Laden a poursuivi son commentaire en disant : "Voilà l'Amérique frappée par Allah dans son point le plus vulnérable, détruisant, Dieu merci, ses bâtisses les plus prestigieuses".

Et au pied de ces tours qui s'écroulaient et anéantissaient des milliers d'innocents, on entendait des cris vers Dieu, considéré comme situé du côté des victimes  Se firent alors entendre des appels faits à Dieu à comparaître et s'expliquer sur ce drame horrible. Pourquoi Dieu que l'on dit tout-puissant n'a-t-il pas empêché ces terroristes d'accomplir leur besogne mortelle ? Dieu a-t-il abandonné son combat pour l'homme entr'aperçu avec la venue de Jésus ? La haine, la violence, l'instinct de destruction qui entament la vie humaine, pourquoi Dieu laisse-t-il faire cette dé-création alors qu'il a confié à l'homme le soin de transformer, d'améliorer la terre ?

Dieu écartelé et fragmenté, utilisé dans une logique de puissance pour donner la mort ou au contraire pour l'empêcher ? Pour Dieu, non, tous les moyens ne sont pas bons dans l'exercice de son Pouvoir. Dieu est puissant d'Amour, de patience, de confiance, de Pardon, de recommencement.

"Oui, je suis Roi", dira Jésus à Pilate qui l'interroge. Dieu muni d'une puissance respectueuse de la liberté humaine. Dieu de puissance qui refuse d'échapper par un chemin vicinal à la condition humaine qu'il assume pleinement afin de la libérer et de la sauver. Dieu d'Espérance qu'être humain est possible, contrairement à l'impossibilité trop souvent avancée de ne pas y arriver.

Dieu Puissant par la force de sa Parole qui appelle et convainc de croire en Lui. Dieu Puissant par sa présence réelle cachée sous un modeste pain que partagent les croyants.

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