Pour une "intelligence" d'une foi éclairée…

Dans mes visites à domicile, j'ai eu la chance, il y a peu de temps, de pouvoir parler longuement et profondément avec des gens du voyage sédentarisés. Comme je l'avais déjà expérimenté lorsque, au temps de mes études au séminaire, je me rendais dans ces familles, la qualité de leurs convictions et l'épaisseur de leur humanité m'impressionnent beaucoup. En effet ces gens parlent avec naturel et spontanéité, sans détours ni emballage verbal servant trop souvent chez d'autres de précautions et même de protections.

Ainsi la famille que je visitais ce jour-là se veut catholique, à la différence de la grande majorité des gens du voyage qui sont évangélistes. Mais cela ne les empêche nullement de se fréquenter et de se sentir solidaires entre eux. Cette minorité catholique est très fervente et rayonnante. Ces gens savent que leur baptême les appelle à témoigner avec audace et clarté de leur foi chrétienne, avec l'intelligence que donne une bonne connaissance des Ecritures bibliques. En effet, le "patriarche" m'a dit : "Le meilleur service pastoral que vous pouvez nous rendre, c'est de nous expliquer les textes de la Bible. Car, ayant appris nous-mêmes, nous pourrons dire sur quoi repose notre foi. L'ignorance rend fragiles les convictions religieuses et vulnérable notre foi catholique".

Cette remarque de la part de ce "sage", je la vérifie en d'autres lieux et milieux. Certaines confrontations entre croyants de diverses religions montrent que les catholiques, très souvent, n'ont pas les mots pour rendre compte des bases de leur croyance. On leur a tellement dit que c'est dans et par les actes de la vie que l'on traduit sa foi que l'on n'a pas tellement cherché à le faire par des mots compréhensibles ! On a tellement dit que croire reposait sur une confiance et un ressenti émotionnel, et pas sur un savoir appris, que l'on a négligé de chercher à connaître et comprendre.

Bien sûr l'intelligence des choses de la religion n'est pas le seul soutien pour la foi en Dieu. Mais comment laisser de côté cette immense capacité dont tout être humain est doté par le créateur, appelée "raison" et cette autre "intelligence" ? Tout engagement croyant n'a-t-il pas besoin de mobiliser toutes les facultés dont tout un chacun est, il est vrai, plus ou moins armé ? Si croire ne se réduit pas à savoir, celui-ci en est toujours un sûr allié. La foi chrétienne ne doit jamais se contenter d'être une répétition de coutumes et de traditions, héritées et transmises, une sorte de culture dans laquelle on est malgré soi plongé, une émotion ressentie avec des images et des lumières, des rites et un rituel. La foi chrétienne héritée, chaque baptisé a vocation à l'intégrer et la faire sienne, à se donner les moyens personnels d'en rendre compte avec justesse et d'y puiser pour en inspirer les paroles et les actes de sa vie.

Il a donc entièrement raison, ce "pèlerin du voyage" de la vie terrestre qui me conseillait "d'instruire, d'enseigner, de fournir des trousseaux de clés" qui permettent d'accéder à la connaissance des "vérités" que délivrent en particulier les Ecritures bibliques, source de vie pour les humains. Quel bonheur de pouvoir réduire le décalage entre savoir et croire par un apport mutuel fondé et éclairé ! Comme le vol, bien équilibré par ses ailes, d'un oiseau !