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Les billets du Père Lucien Marguet
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10 avril 2017

La vertu de prudence

Ayant été imbibé de l'idéologie selon laquelle, grâce aux sciences et aux moyens techniques qu'il est capable d'inventer et de se fabriquer, tout devient possible, l'homme actuel se voit maîtriser tous les problèmes qui se dressent devant lui. S'installe alors en lui la conviction que rien n'échappera plus à sa puissance et que tout pourra progresser grâce à sa passion pour l'efficacité. Il en résulte que cet homme contemporain, dans son empressement à trouver des solutions, en oublie trop souvent d'être sage et en particulier prudent. De cette tendance à ne pas assez prévoir les conséquences, pour l'avenir, des choix et des actes décidés sous la pression du présent et de la fébrilité à l'assumer dans l'immédiat, il découle une mentalité qui met de côté la prudence…

Et pourquoi enjamber si souvent cette vertu qui n'anéantit pas les pièges et les dangers, mais donne pourtant le temps de les apercevoir ? Selon certaines personnes sûres d'elles-mêmes, de leurs capacités et de leurs responsabilités, se montrer prudent serait afficher ses hésitations, et même ses peurs et ses faiblesses. Ce serait manquer d'audace et, pis encore, de courage ! Certains vont même jusqu'à identifier les prudents à des couards qui n'osent pas prendre des risques. Or, à bien réfléchir, intégrer la prudence dans les décisions à prendre, c'est au contraire ajouter des chances que les actions entreprises aboutissent. Un automobiliste pressé et imprudent a moins de chances d'arriver sans encombre à sa destination qu'un autre respectant scrupuleusement le code de la route…

Il en est de même dans la sphère des idées et des convictions. N'est-il pas dans la vérité, celui qui expose ses pensées avec modestie et prudence, en laissant toujours de l'espace pour le doute et la progression, et bien sûr pour le complément apporté par l'autre ? Qui aime être prudent a compris que le présent n'est jamais un terme ou un aboutissement, mais toujours une étape, en tout cas un passage obligé et provisoire.

En étant prudent, en demandant un autre avis à des collègues, le diagnostic d'un médecin ne sera-t-il pas plus pertinent ? En débattant lors de colloques, des scientifiques ne seront-ils pas plus proches, ensemble, de la vérité qu'ils s'efforcent de connaître ? Le croyant n'a-t-il pas besoin de l'athée pour se poser les bonnes questions avant de pouvoir partager les éléments de réponse qui fondent le socle de sa foi ! Ceux qui gouvernent un pays et assurent les conditions d'un vivre collectif démocratique n'ont-ils pas aussi à se montrer prudents dans leurs décisions par une juste évaluation des lois qu'ils instaurent pour aujourd'hui et pour demain ? Dans le domaine affectif et, d'une manière générale, des relations humaines, ne faut-il pas se montrer prudent en ayant conscience que ces liens créés ou entretenus ont un impact dans les esprits et les cœurs, sur l'intégrité de ceux et celles qu'ils concernent ?

Non, la prudence n'est pas désuète, elle est même plus que jamais d'actualité ! N'est-elle pas aussi le gage de l'efficacité dans la durée des initiatives et des engagements pris ?

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