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Les billets du Père Lucien Marguet
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7 septembre 2017

Tes homélies sont trop longues…

Parmi les responsabilités pastorales, celle de l'homélie est pour le prêtre l'une des plus impératives, puisqu'elle consiste à montrer comment les textes bibliques éclairent et stimulent notre vie actuelle avec le but poursuivi de la rendre plus chrétienne. Or cet exercice que le prêtre doit accomplir lors de toute célébration et en particulier lors de l'eucharistie dominicale se heurte à plusieurs difficultés.

La première est qu'une assemblée réunie pour une célébration est diverse et plurielle, par l'âge, la condition de vie personnelle et sociale, la situation familiale et conjugale, les attentes intellectuelles et spirituelles qu'a chacun… Aussi, au moment de rédiger son homélie, le prédicateur se demande souvent à qui il va s'adresser, et surtout en quels termes simples et justes, recevables et compréhensibles, il va pouvoir le faire. Un public paroissial ou une messe de collégiens, de lycéens ou d'étudiants ne représentent pas la même terre ! Le prêtre doit donc s'adapter sans bien sûr trahir les messages évangéliques qu'il doit extraire des textes bibliques et dont il doit souligner la pertinence et l'impact possible dans la vie de chacun et de tous en tant que communauté sociale et ecclésiale.

Mais la plus grande des contraintes à laquelle se heurte le célébrant est le temps. Tout d'abord la pression culturelle que la société impose à tous, celle de la vitesse, des délais toujours plus courts avec lesquels chacun doit s'imposer d'exécuter sur le champ ses devoirs. Les chrétiens qui se réunissent dans les églises pour un baptême, un mariage, des obsèques ou une messe dominicale insensiblement subissent cette idée dominatrice qu'il "faut tout faire le plus rapidement possible", l'homélie y compris. D'ailleurs cette réclamation est souvent étayée d'arguments qui se veulent basés sur la capacité d'intérêt et d'écoute des auditeurs, toutes catégories sociales et d'âge confondues. Ce discours contestataire d'homélies "trop longues", je peux l'entendre, mais je le conteste pour les raisons qui suivent :

Doit-on forcément dans l'Eglise se soumettre à la culture du "tout tout de suite" qu'en tout domaine productif, commercial et même scolaire la société actuelle tend à nous "imposer" ? Comment se fait-il que les gens qui réclament des homélies plus courtes soient aussi ceux qui reprochent à l'Eglise de les prendre pour des enfants à qui l'on n'a pas assez fourni de formation, biblique en particulier?

Je concède volontiers que les homélies sont d'inégal intérêt et qu'elles ne sont pas toutes bien dites. Ces homélies où le prêtre se contente de raconter quelques anecdotes, celles qui commentent d'une façon partisane l'actualité économique, politique et sociale, à l'évidence inspirées par des articles de presse lues la veille, ces homélies qui se veulent spirituelles mais qui sont à mille lieux de la vie réelle des fidèles…, ces homélies ennuyeuses qui expriment des banalités ou des souvenirs du prêtre qui ne regardent que lui, sans lien avec les messages des pages bibliques… Que d'erreurs en effet les prédicateurs peuvent commettre !

Personnellement, l'une ou l'autre personne ne manque jamais de me reprocher de donner des homélies trop longues, sous le prétexte qu'à notre époque nul n'est attentif plus de cinq minutes d'affilée. Mais alors pourquoi très souvent telle ou telle autre personne me demande-t-elle le texte écrit de mon homélie afin de la relire et d'en approfondir un aspect évoqué ? Car si on capte et s'approprie une parole qui tombe au bon moment dans la terre de son cœur, l'homélie n'aura-t-elle pas atteint son but ?

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