Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
2 octobre 2017

Demande d'explication…

Voyant ses parents recevoir l'hostie, cet adolescent de 14 ans interpelle sa maman : "Les chrétiens, en mangeant Jésus, ne sont-ils pas des cannibales ?"…

La question m'est transmise et j'ai promis d'y apporter quelques éléments de réponse.

Puisque c'est Jésus lui-même qui a institué ce rituel quelques heures avant d'être arrêté, jugé et crucifié, examinons quelle était son intention. Jésus savait sa mort prochaine. Il ne voulait pas que les disciples qui avaient marché à ses côtés se croient abandonnés. Il voulait continuer à demeurer avec eux et, plus encore, en eux, de trois façons : par ses paroles et ses actes conservés dans la Bible, par l'Esprit Saint, envoyé par Dieu en tout croyant qui l'accueille, et dans le pain consacré à chaque messe lorsque le prêtre dit les paroles que Jésus lui-même a prononcées. "Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous", et, à la fin du repas, "Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude"…

Ce repas pascal, dont les Juifs se souviennent chaque année, fait mémoire de la libération du Peuple hébreu par Moïse, après un exil de 400 ans en Egypte où ils avaient trouvé refuge à la suite du manque de nourriture dans leur propre pays, le pays de Canaan. Jésus, en pratiquant fidèle de ces fêtes juives, termine donc sa vie terrestre par ce repas traditionnel sur lequel il va greffer ce repas nouveau qu'est la Messe. En prévoyant ainsi de rester mystérieusement présent dans du pain consacré, Jésus n'est plus présent dans un corps humain comme il l'a été pendant les 33 ans qu'a duré son existence historique. Par l'hostie, désormais, Jésus ne sera plus seulement présent à une époque de l'histoire humaine – il y a deux mille ans – ni dans un pays particulier – la Palestine -, dans une culture, une langue, des traditions…, Jésus dans l'hostie peut être partout où ceux et celles qui croient en Lui le reçoivent comme compagnon et ami de leur vie. Le Pain partagé avec d'autres à la même table répond au même besoin de se nourrir et au même désir de fraternité. En mangeant un Pain commun, nous devenons un seul corps, celui de Jésus.

Ainsi "manger" l'hostie, ce n'est pas du cannibalisme dans lequel l'un absorbe l'autre qui ainsi disparaît. En effet c'est par choix libre et éclairé que l'on reçoit Jésus, comme on accueille un ami chez soi. De plus, lorsqu'une personne communie, d'autres communient aussi. Ainsi, lorsqu'on s'unit à Lui par l'hostie, Jésus unit et même "comm-unit" tous ceux et celles qui le reçoivent en eux. On peut donc comprendre que l'hostie – Jésus présent – est un lien, un ciment très fort que l'on peut assimiler à un authentique amour qui nous relie et nous allie fraternellement et à Jésus et aux autres. L'hostie communie à Jésus et communie aux autres, et elle fait de tous ceux et celles qui sont ainsi unis et réunis le corps vivant du Christ visible et universel qu'est l'Eglise.

Il est vrai que certains chrétiens, tels les protestants, considèrent le pain de la Cène comme un simple symbole qui nous fait penser à Jésus et à ce qu'il a vécu sur terre, à la façon dont une alliance au doigt désigne le mariage et dont le drapeau tricolore est le signe de la France. Pour les catholiques, l'hostie consacrée par le prêtre est bien plus qu'un symbole, c'est la conviction que Jésus est réellement et actuellement présent sur l'autel et transmis aux personnes qui s'approchent pour le recevoir en elles.

J'admets volontiers que cette croyance relève de la foi et de la confiance et pas de l'évidence, puisque les apparences physiques du pain sont les mêmes avant et après la prononciation des paroles dont Jésus a invité à faire mémoire : "Faites ceci en mémoire de moi". D'ailleurs, après ce moment de la consécration durant la messe, les catholiques disent : "Il est grand le mystère de la foi"… Et n'allons surtout pas penser que le mot mystère doit être écarté de notre vocabulaire sous prétexte que nous ne pouvons pas bien le décortiquer. Un mystère est une réalité que nos pensées et nos langages humains appréhendent progressivement, à l'image de l'Amour et des sentiments qui, pour autant qu'ils soient souvent inexprimables et irrationnels, n'en sont pas moins réels et puissants.

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité