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Les billets du Père Lucien Marguet
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2 octobre 2017

Que veut dire "évangéliser" ?

L'impact de l'annonce et de la réception de l'Evangile porte sur la façon d'être, de penser et d'agir, de conduire sa vie humaine. L'Evangile en effet propose le Christ, ses choix, ses paroles, ses actes et ses pensées comme autant de sources d'inspiration de notre humanité. Pour le chrétien, l'Evangile est l'étoile polaire du randonneur ou le GPS du conducteur.

Bien sûr, faut-il  le souligner, on peut connaître l'Evangile sur le bout des doigts et ne jamais y recourir dans les façons de réagir, de nous comporter, d'envisager notre vie… Croire en l'Evangile n'est en aucun cas une potion magique jusqu'à risquer d'y perdre son libre arbitre et sa responsabilité. Tout au contraire, l'Evangile n'est fécond que lorsqu'il contribue à soutenir et réussir la vocation et la mission que chacun(e) reçoit à sa naissance, ses potentialités, ses capacités, ses talents, ses qualités. L'Evangile intègré et intériorisé ressemble à la notice de mode d'emploi que le vendeur fournit au client qui fait un nouvel achat.

L'Evangile, en nous relatant l'existence de Jésus, Fils de Dieu et fils d'homme, nous fait entrevoir quel parcours pourrait être le nôtre en étant assuré qu'il a sa fin en Dieu. Dans ce choix authentique de l'Evangile reçu comme une boussole, pour avancer debout, certains verront une sorte d'aliénation ou de démission, de détournement de la dignité que chacun se doit d'honorer en assumant sa vocation humaine. D'autres verront dans cette foi chrétienne une façon de camoufler leurs défauts et leurs faiblesses sous un vernis religieux ! En réalité l'Evangile est l'inverse du conditionnement et de l'enfermement, il élargit et approfondit, prolonge, fait voir plus loin, sans barrières et sans limites, universel.

Mais l'Evangile, être homme à la manière du Christ, comporte-t-il des marqueurs spécifiques ? Le premier, dit Jésus, est d'aimer Dieu, et le second, qui lui est semblable, est d'aimer son prochain. C'est donc une invitation à cultiver avec Dieu et les autres des relations d'amitié et d'amour. Dieu est révélé comme Père et les autres comme frères et sœurs en humanité. Chacun est doté d'une dignité équivalente, quelles que soient son origine, ses convictions et sa situation. Qu'il soit isolé, âgé, marginal, étranger, marqué par des différences ou bien riche et puissant, reconnu et célébré, tout être humain est un frère que chacun est invité à aimer comme Dieu l'aime.

De ce fondement de ces relations aux autres selon l'Evangile découlent des valeurs à intégrer dans l'exercice de notre liberté, de nos activités, de nos initiatives, de nos pensées, de nos paroles et nos actes. Une entreprise humaine devient chrétienne quand elle est volontairement soumise aux critères de l'Evangile. Ainsi animés de l'intérieur, les chrétiens pour qui Jésus compte, éclaire et soutient leur vie, se sentiront entre eux en communion d'Esprit. Ils seront ensemble l'Eglise vivante et qui témoigne, unit et s'assemble, appelle et interpelle. Car l'Evangile est toujours à redire et diffuser comme un chemin de vie à prendre ou à reprendre.

Dans nos pays d'Europe qui ont connu dans les premiers siècles de l'ère chrétienne de nombreux et très grands évangélisateurs, l'Evangile doit encore et sans cesse être proposé comme chemin de liberté, de vérité et de vie. Parce que les temps et les environnements sont toujours différents, l'Evangile a besoin d'être redit dans des langages qui tiennent compte du contexte et de l'actualité, à l'image des jardiniers attentifs à la terre comme aux faveurs climatiques. "Malheureux serions-nous de ne plus annoncer l'Evangile"…

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