L'Eglise ?

Il arrive que l'on entende des critiques prononcées à l'encontre de l'Eglise, en particulier du "personnel" religieux dont la mission est d'en assurer le bon fonctionnement. A dire vrai, c'est trop souvent à travers l'une ou l'autre personne dont le caractère ou la personnalité peuvent sembler non-conformes au service bienfaisant que l'on pense être en droit d'attendre de l'Eglise que l'on juge, jusqu'à parfois la rejeter, cette institution.

Il est vrai que, comme tout corps social fait d'hommes et de femmes ayant leurs propres limites personnelles, les acteurs patentés de l'Eglise peuvent parfois choquer, être mal compris dans les exigences qu'ils se croient tenus d'avancer auprès des gens qui s'adressent à l'Eglise. Souvent ces incompréhensions aux conséquences durables proviennent d'explications et de justifications de ces mesures pouvant être ressenties comme éloignées de l'Esprit évangélique. Par ailleurs, il est des motifs plus théologiques et plus historiques pour remettre en cause l'intérêt de l'Eglise catholique à qui l'on a reproché sa structure trop pyramidale et hiérarchique, à l'image impériale et théocratique, et pas assez inspirée par les systèmes démocratiques.

C'est peut-être alors vite oublier que la vérité et la liberté que les chrétiens cherchent dans la foi chrétienne, ils la reçoivent et l'accueillent comme un don qui leur est fait de la part du Christ, et qu'il ne s'agit pas d'un état spirituel qu'ils prétendent obtenir à partir de leurs efforts et de leurs mérites. Certes l'Eglise n'est pas propriétaire des grâces que le Christ l'a chargée de transmettre aux gens qui s'adressent à elles, tels des marcheurs demandant le meilleur itinéraire pour progresser et se ravitaillant à la source pour avoir l'énergie de le poursuivre… L'Eglise est le Corps du Christ, dont elle est comme la continuité de la présence. Elle est formée de tous les baptisés qui bénéficient de sa vie, mais qui, chacun et chacune pour sa part, contribuent à la faire exister. Aussi le plus important à contempler sont les cellules qui la composent, les petites et grandes communautés étant reliées entre elles par l'Esprit Saint qui fait d'elles toutes ensemble une communion d'églises diverses, différentes et unies.

L'Eglise a donc mission de transmettre et diffuser la Parole que Dieu a prise à travers l'Histoire, de guérir les peurs des hommes et des femmes pour les aider à accéder à la liberté et assumer leurs responsabilités, de pardonner les péchés et ouvrir à mieux agir à l'avenir, de soutenir ses membres quand ils initient avec d'autres l'édification d'une humanité plus belle. L'Eglise peut avoir failli à ses missions, par certains de ses membres trahi le message évangélique. Elle a pu montrer un visage doctrinaire et sans pitié. Ancienne, elle a des rides et des cicatrices accumulées au cours de tant d'années de son existence. Pourtant, quel que soit son chemin parcouru au cœur de l'histoire de l'humanité, l'Eglise demeure un feu entretenu par des croyants ardents qu'éclairent les paroles du maître. Ce foyer rayonnant de vérité et de charité, les chrétiens fidèles qui l'approvisionnent ne le gardent pas pour eux seuls, ils en partagent la lumière et la chaleur avec qui s'en approche pour s'en réchauffer d'Espérance.

Lorsqu'une personne me confie sa confiance en Jésus et sa déception vis-à-vis de l'Eglise, je ne me prive pas de lui répondre que Jésus lui-même a montré sa confiance en des personnes faillibles, à commencer par Pierre. Ce proche a beau l'avoir renié, après sa résurrection, au bord du lac, Jésus lui a demandé une seule chose : si il l'aimait. "Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime »"… Par trois fois, Jésus lui pose la même question. Et Pierre de déclarer alors : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime ». Alors Jésus lui dit encore : « Pais mes brebis ». Et il lui confie l'Eglise.