La dimension sociale de l'évangélisation

"Evangéliser, c'est rendre présent dans le monde le Royaume de Dieu", écrit le Pape au n° 176 de La joie de l'Evangile. Au n° 177, il dit même : "Le kérygme possède un contenu inévitablement social : au cœur de l'Evangile, il y a la vie communautaire et l'engagement avec les autres. Le contenu de la première annonce a une répercussion morale immédiate dont le centre est la charité. " Au n° 178, le pape François poursuit : "A partir du cœur de l'Evangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement s'exprimer et se développer dans toute action évangélisatrice."

Sachant que nous sommes appelés à nous conformer à la figure du Christ s'identifiant aux blessés de la vie (Mt 25, 40), le Pape écrit, au n° 186 : "De notre foi au Christ qui s'est fait pauvre et toujours proche des pauvres et des exclus, découle la préoccupation pour le développement intégral des plus abandonnés de la société." Il en déduit, au n° 187, que "chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, de manière qu'ils puissent s'intégrer pleinement dans la société ; ceci suppose que nous soyons dociles et attentifs à écouter le cri des pauvres : "J'ai vu la misère de mon Peuple qui est en Egypte. J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer… Maintenant va, je t'envoie". (Ex 3, 7-8-10).

Et ce qui est dit du devoir de secourir les personnes s'élargit aussi aux peuples. Au n° 190 : "Parfois il s'agit d'écouter le cri de peuples entiers, des peuples les plus pauvres de la terre, parce que la Paix se fonde non seulement sur le respect des droits de l'homme, mais aussi sur celui du droit des peuples". Le Pape dresse une liste des "aspirations légitimes que tout humain devrait pouvoir combler". Au n° 192 : "Nous ne parlons pas seulement d'assurer à tous la nourriture ou une « subsistance décente », mais que tous connaissent la prospérité dans ses multiples aspects". "Ceci implique éducation, accès à l'assistance sanitaire et surtout au travail, parce que dans le travail libre, créatif, participatif et solidaire, l'être humain exprime et accroit la dignité de sa vie".

Demandons-nous quelle place l'attention et la présence des faibles, des petits, des sans-voix, des sans-travail, des sans-toit, occupent dans nos lieux chrétiens. Demandons-nous quel regard et quelle écoute nous avons pour eux. "Les pauvres ont une place de choix dans le cœur de Dieu, au point que lui-même s'est fait pauvre", dit le Pape au n° 197 (2 Co 8, 9), tandis qu'il affirme, au n° 198 : "Pour l'Eglise, l'option pour les pauvres est une catégorie théologique avant d'être culturelle, sociologique, politique ou philosophique. Dieu leur accorde sa « première miséricorde ». Cette préférence divine a des conséquences dans la vie de foi de tous les chrétiens, appelés à avoir "les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus (Ph 2, 5). Inspirée par elle, l'Eglise a fait une option pour les pauvres, entendue comme une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l'Eglise".

Et au n° 200 : "L'option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement par une attention religieuse privilégiée et prioritaire".

Cette priorité pastorale envers les pauvres ne nous invite-t-elle pas à faire de la Charité, vertu théologale, la locomotive de notre vivre chrétien, avant même l'Espérance et la Foi ?