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Les billets du Père Lucien Marguet
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1 mars 2019

Les dérives coupables et l'Eglise

La volonté de l'Eglise de ne rien dissimuler et au contraire de démasquer tous ses membres coupables, quelle que soit la place qu'ils occupent, définit ainsi ce qu'elle tient pour essentiel. En affichant en plein jour et de sa propre initiative les présumés condamnables de ses rangs, elle donne priorité à la dignité des victimes présumées. Après avoir pensé très longtemps qu'éviter à tout prix de scandaliser devait inspirer sa pratique habituelle, l'Eglise, sous l'impulsion du Pape actuel, a décidé non seulement de ne plus rien occulter, mais plus encore de contribuer à la vérification des faits soupçonnés ou dénoncés. Il apparaît ainsi qu'elle n'est plus une institution soucieuse d'abord de se protéger, puisqu'elle fait le choix désormais de panser les blessures de ceux et celles que certains de ses membres ont pu agresser.

Tout en approuvant cette attitude nouvelle, est-il toutefois permis d'introduire quelques réflexions qu'elle peut susciter ?

En créant l'impression qu'elle espère donner d'elle-même l'image d'un peuple dont aucune composante ne comporte ni tache ni ride, ni faiblesse ni faute, l'Eglise n'affiche-t-elle pas une prétention à échapper à la condition humaine commune dans laquelle pourtant elle est incarnée ? En contribuant elle-même à trier l'ivraie du bon grain, ne vise-t-elle pas à afficher pour elle-même une perfection qui ne peut être attribuée qu'à Dieu seul ? En laissant répandre par médias interposés l'idée que l'Eglise est un lieu de perversion plus important que tout autre lieu, ne contribue-t-elle pas elle-même à discréditer ses prises de parole, ses conseils et même sa mission d'évangélisation ? Ne donne-t-elle pas raison à ses détracteurs qui font de l'Eglise et des croyants le bouc émissaire permettant de détecter les vraies causes de la détérioration des bases morales et des valeurs humanistes de la société civile actuelle ?

Aussi en même temps que d'assumer ce cap décidé, l'Eglise ne doit-elle pas avoir vis-à-vis d'elle-même, vis-à-vis du peuple des croyants, une posture d'humilité et de modestie dans le témoignage de ses convictions, comme dans les applications que les chrétiens s'efforcent, parfois maladroitement, d'initier dans leur vie concrète, leurs paroles et leurs actes ? Les croyants ne sont aussi que des chercheurs et des marcheurs. Ils sont parfois atteints par la contagion de l'esprit du monde. Ils ont aussi besoin de se convertir toujours plus à l'Evangile du Christ, de se relever, d'implorer le pardon, de mettre leur confiance en Dieu de miséricorde, de réparer les dégâts qu'ils peuvent causer par leur négligence, leur indifférence et leurs dérives.

Enfin, plus que jamais, par ses membres l'Eglise doit demeurer un lieu de consolation et d'affection pour les petits, les pauvres, les blessés de toute sorte, car par cette présence et cette permanente attention, elle témoignera du cœur de Dieu dont elle est la première bénéficiaire. L'Eglise doit demeurer signe, sacrement du Pardon et de la réconciliation : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font"…

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