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Les billets du Père Lucien Marguet
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23 mars 2019

Faute, erreur, péché

 

Il est souvent proposé aux enfants qui se préparent à la première des communions ou à leur profession de foi, aux adolescents et aux jeunes qui vont recevoir le sacrement de confirmation, de recevoir le sacrement du Pardon. La plupart du temps, la confession de leurs péchés et leur désir de renforcer leur amitié avec le Christ prédisposent ces pénitents à regarder l'Avenir avec confiance et joie. De fait, ce sacrement n'invite nullement à la peur ni à développer un sentiment amer de culpabilité, mais plutôt un sentiment de joie puisqu'il signifie par nature l'amour inaltérable de Dieu quoi qu'il en soit de nos péchés.

Sans bien sûr trahir les secrets de confession auxquels le prêtre est absolument tenu, je me permets toutefois de faire quelques remarques sur le contenu réel du mot péché. Je le ferai pour aider les enfants et les jeunes à distinguer erreurs, fautes, dont le quotidien peut être truffé, et péchés, qui sont des choix portant la marque de l'intention de nuire, en paroles ou en actes !

Chacun le sait, le bien et le mal se révèlent la plupart du temps dans les relations aux autres. C'est ainsi que bon nombre de péchés dont s'accusent les enfants et les adolescents concernent la vie familiale. Un adolescent peut s'étonner lui-même de "répondre" vivement à ses parents, alors que quelques années auparavant il consentait spontanément à leur point de vue, il acceptait volontiers de rendre service dans la vie commune. Or, devant ces aveux qualifiés de péché, je m'efforce toujours, lorsque le temps le permet dans le cadre d'une célébration du Pardon, de clarifier avec le jeune la part de normalité et la part de malveillance consentie. Car le fait de penser et de parler d'une façon décalée avec ses parents, d'exprimer une opinion plus personnelle, ne relève-t-il pas non pas d'un péché, mais d'un développement, nécessaire et heureux, de l'enfant qui progresse en maturité vers son identité ? Par contre, si le jeune prend le contrepied systématique de ses frères et sœurs et de ses parents avec l'intention ferme de les ennuyer, de les blesser, de leur faire du mal, de semer la zizanie… alors là il y a de la malveillance, du péché, dans sa posture !

On l'oublie trop souvent, il ne faut pas seulement regarder les actes de bien ou de mal, mais les libertés de conscience qui les élaborent et les intentions et les décisions qui les mettent en œuvre. Si je consacre un billet à cette question, c'est parce que j'observe que trop souvent une initiation au discernement dans ces domaines a été omise. Or un jeune qui découvre que ce qu'il a dû accuser un jour comme péchés au confessionnal n'est que processus normal de son accession progressive à sa vie d'adulte peut alors reléguer la "confession" aux oubliettes et, dans le pire des cas, nourrir un ressentiment vis-à-vis de ceux qui lui ont proposé des démarches qu'il n'a pas véritablement comprises.

On ne prendra jamais assez de temps avec ce monde des enfants et des adolescents pour leur expliquer les conditions dans lesquelles s'inscrivent les sacrements qu'on leur propose de célébrer. Une pédagogie à leur portée est nécessaire.

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