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Les billets du Père Lucien Marguet
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21 août 2019

Démocratie et morale

 

Le principe de base qui régit un régime politique visant la démocratie s’appuie sur le poids des opinions exprimé par les chiffres de sondages. Aussi un parlement sera-t-il influencé, lorsqu’il vote des lois nouvelles, à suivre la courbe des opinions majoritaires, et non à se référer à des normes morales et philosophiques, particulières et minoritaires.

Le régime démocratique est sans doute le plus ajusté à l’époque moderne. Il repose sur un équilibre de courants et d’attachements souvent contradictoires. Ainsi peut-on comprendre que la logique des politiques chargés de légiférer ne soit pas embrayée avec celle des philosophes et des religions. L’avortement et l’euthanasie, mais aussi la procréation médicalement assistée (PMA) pour tous les genres de couples, la gestation pour autrui (GPA) par des mères porteuses mais aussi par tous les essais envisageables en laboratoire autour de la vie parce que des savoirs et des technologies les rendent possibles, tout cela relève-t-il d’un droit humain fondamental, démocratique ?

Ne nous faut-il pas admettre que le rôle de nos gouvernements est d’établir des lois qui permettent au maximum de citoyens de mener leur vie d’une façon légale qui n’empiète pas sur les droits des autres à vivre selon leurs propres références morales ? Une loi qui peut apparaître ultra-libérale, permissive, voire démagogique à certains, n’est en fait qu’un cadre légal qui donne plus d’espace à un citoyen pour envisager son existence comme il l’entend. Une loi votée n’impose pas d’y recourir si on la considère opposée à ce que l’on croit bon et juste, correct pour l’humain. Certains peuvent légitimement souhaiter que les lois civiles soient porteuses d’une éthique particulière et d’un ordre moral global. Cet objectif peut-il être réalisable, souhaitable aujourd’hui en démocratie, au sein d’une culture dans laquelle la liberté individuelle et la conscience des responsabilités qui lui sont associées imprègnent les choix et les engagements, les comportements de nos contemporains ? Si l’Etat s’efface sur le plan moral, n’est-ce pas aux penseurs, aux moralistes, aux religions, de témoigner encore plus fort et plus clairement de leur point de vue et de fournir les raisons qui le motivent ?

Peut-être allons-nous penser, avec tristesse, que ces lois nouvelles que nos députés vont probablement voter sont des signes d’une régression des fondements humanistes et, pire encore, de cette civilisation dont nous étions fiers au-delà de nos frontières… Mais ne peut-on aussi espérer que cette légalisation de postures autrefois illégales et réprimées soit l’occasion pour beaucoup de réveiller leur liberté de conscience et leur capacité à discerner davantage pour eux-mêmes ce qui est juste, bon, bien, préférable dans les choix, décisions, projets qu’ils ont à effectuer et à réaliser dans leur vie, et à réfléchir davantage aux conséquences familiales, sociales et sociétales de leurs actes individuels ?

L’Eglise implantée dans les diverses terres et cultures du monde doit à la fois accompagner et pouvoir interpeller les gouvernances politiques en fonction. Elle doit aussi, en toute liberté, témoigner de ses convictions et de sa vision de l’homme. Car en affirmant ce qu’elle croit important et meilleur pour l’humain, elle contribue au progrès durable de l’Humanité !

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