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Les billets du Père Lucien Marguet
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17 septembre 2019

Les « Pardons » en Bretagne

 

En Bretagne, chaque bourg ne possède pas seulement une église au clocher de pierres, souvent gigantesque, mais aussi en divers quartiers des chapelles dédiées à un saint évangélisateur de la région. Ces lieux relais de la grande église sont en été l’occasion d’y célébrer des rassemblements festifs appelés « Pardons ».

Ces « dimanches » se déroulent tous sur le même modèle. La fête commence autour de la « fontaine » proche de la chapelle pour se regrouper et demander à Dieu d’être pardonnés de tous les désaccords et mésententes dont chacun(e) peut se sentir coupable. Cette première séquence invite à effacer toutes les « brouilles de l’année » et à se réconcilier en étant purifiés par l’eau de la fontaine. Une messe où les chants bretons ont une place de choix s’en suit. L’homélie formule les messages extraits des textes bibliques du jour associés au témoignage de vie et de foi du saint patron honoré.

J’avoue que cette tradition du « Pardon » me fait énormément réfléchir sur la chance qu’ont les chrétiens de se voir invités à pratiquer cette démarche d’absolution, à la fois à leur bénéfice et en même temps vis-à-vis des autres. Que de blessures et de malveillances provoquées qui laissent des traces un Pardon accordé peut-il « guérir » ! D’ailleurs la communion dans la Parole et le Pain eucharistique se poursuit autour de la buvette où chacun peut à loisir offrir un verre à son voisin dont il s’est montré « éloigné » tout au long de l’année ! Un repas confectionné grâce à ce que chacun apporte est alors partagé, dans lequel les « gens de passage » sont les bienvenus même s’ils n’ont rien à offrir que leur présence « aimable ».

Ces fêtes locales célébrées dans ces chapelles fièrement entretenues sont aussi des lieux de baptême durant la saison estivale. L’eau de la fontaine est alors versée sur le front de l’enfant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, devant l’assemblée qui voit un chrétien prendre place officiellement et devant Dieu dans la communauté des croyants. L’entretien de ces beaux lieux de culte et de vénération du saint patron revient à un comité de baptisés qui en prennent soin, d’autant plus que la plupart relèvent de la protection du patrimoine culturel.

Une fois de plus, l’on peut se réjouir que de telles traditions ne soient pas que la conservation du passé, mais contribuent, en réalité, à réparer des liens affaiblis ou rompus, à réactiver des amitiés, accorder des pardons ou les recevoir. Une fois de plus, l’on perçoit que la foi en Dieu et une pratique religieuse enracinée dans la vie peuvent constituer le terreau d’un vivre ensemble sans cesse renouvelé.

Bien sûr on peut regretter que ces « pardons » festifs soient peu fréquentés par les jeunes générations, car elles pourraient non seulement en assurer la pérennité, mais d’abord en bénéficier elles-mêmes. Chacun de nous sait d’expérience que chanter et prier ensemble, exprimer notre gratitude pour les « racines » ne peut que ressourcer nos forces et notre énergie pour « rédiger » notre présent et « envisager » notre avenir, personnel et collectif !

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