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Les billets du Père Lucien Marguet
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2 janvier 2021

Epiphanie (Année B)

3 janvier 2021

Isaïe 60 1-6 - Ephésiens 3 2-3a, 5-6 - Matthieu 2 1-12 

 

Le Messie de Dieu est certes venu sur terre par un peuple, dans une culture, une époque, mais pour tous les Peuples et toutes les époques de l'histoire humaine. Nul ne peut s'arroger l'exclusivité du salut. Personne ne peut s'approprier le fils de Dieu. Il est tout à tous. Matthieu est le seul à raconter cet épisode des mages. Son évangile s'adresse surtout aux non juifs. A l’époque où Matthieu a écrit son évangile, peut-être une cinquantaine d’années après J.C., de nombreux païens commencent à rejoindre les premières communautés chrétiennes. Dans ce récit, Matthieu met en scène des mages venus d’Orient. Ces païens cherchent le roi des Juifs. Ils symbolisent tous les païens (le monde non juif) en recherche du Christ. A la différence de St Luc dont nous avons lu le récit de Nativité de Jésus, Matthieu n’est pas bavard sur la naissance de Jésus : aucun détail spectaculaire. L’ensemble apparaît même banal, puisque les mages rendent visite à l’enfant dans « une maison ». Ensuite, Matthieu évoque des personnages qui ne sont pas des rois, mais des astrologues et des magiciens. Ces païens ont vu, d’après eux, l’astre du roi des Juifs. Ils font donc le chercher en toute logique à Jérusalem, capitale du judaïsme. Mais ces mages ne savent où se rendre. Ils s’en remettent aux habitants de Jérusalem, ainsi qu’à Hérode. Le roi convoque alors les chefs du Temple et les spécialistes de la Bible. Ceux-ci s’appuient ainsi sur les Ecritures pour répondre à la question posée par les mages, ils mettent en valeur le verset "Et toi, Bethléem, tu n’es certes pas le dernier des chefs lieux de Judée". Mais Hérode n’en reste pas là. Informé par les prêtres, il veut l’être aussi par les astrologues et les convoque "en secret" pour avoir main mise sur l’enfant. Cette atmosphère de complot annonce déjà l’épisode suivant où il fera massacrer les premiers nés des Juifs. Hérode utilise les Ecritures à des fins personnelles. Ici pour tuer.

Les mages partent vers Bethléem, précédés par l’étoile. Mais pourquoi les guide-t-elle précisément à ce moment-là ? Le texte nous montre que l’étoile commence à jouer ce rôle de guide une fois que les mages ont entendu les Ecritures qui leur ont été transmises par les Juifs. La "très grande joie" qu’ils éprouvent à la vue de l’étoile rappelle cette joie spirituelle qui, dans la Bible, signe les retrouvailles de l’homme avec Dieu. C’est la même joie qui transparaît dans le texte d’Isaïe que nous avons entendu en 1ère lecture. "Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur". L'or pour les rois, l'encens pour honorer sa divinité, et la myrrhe, parfum utilisé pour embaumer les défunts.

Le cheminement des personnages décrit dans cet évangile de Matthieu peut enrichir notre méditation. Ainsi l’on découvre que des païens se mettent en route vers un but, "le roi des Juifs" ; mais qu’ils ne peuvent le trouver par leurs propres forces. Il leur faut l’aide des Ecritures. Pour tous les chercheurs de sens et de Dieu, la Bible est d'un secours. La Bible, ce n'est pas seulement l'histoire d'un peuple en quête de Dieu, c'est Dieu qui vient le rencontrer et se révéler à lui.

De leur côté, les prêtres et les scribes habitués à la fréquentation des Ecritures, eux ne se mettent pas à la recherche du roi des Juifs. Enfin, dernier exemple, le roi Hérode écoute les chefs des prêtres et les scribes lui parler des textes sacrés, et il les utilise aussitôt pour satisfaire sa cruauté. La lecture des Ecritures ne débouche pas forcément sur la rencontre du Christ. Encore faut-il qu’il y ait en celui qui la reçoit le désir de se mettre en route pour le chercher !

Comment ce récit d'Epiphanie nous interpelle-t-il en notre vie ? Savons-nous discerner en nos vies les signes que Dieu nous fait pour nous inviter à nous mettre en route et le chercher ? Parfois une rencontre, une parole, un bonheur, parfois une souffrance, un échec, un événement social, mondial… font signe et invitent à se mettre en route…, à bouger.

Les mages reçoivent les Ecritures de la part des Juifs. La lecture de la Bible, chez soi, dans les groupes de réflexion, crée une imprégnation biblique. Elle n'apporte pas de réponses toutes faites. Elle ne dispense pas d'une réflexion sérieuse sur la vie, d'une recherche, d'un tâtonnement. Croyons-nous qu'elle peut nous aider à trouver le sens de la marche, l'orientation de notre vie ? Lire la Bible ne suffit pas. La Parole de Dieu peut nous atteindre en profondeur et nous permettre de découvrir le Christ qui s'adresse à nous aujourd'hui. Avons-nous le désir de nous laisser saisir par la Parole et de nous mettre en route comme les mages ?...

Comme membres du Corps du Christ, acceptons-nous en église d'être Epiphanie de Dieu ? Comme Jésus l'a été en son humanité.

Si des proches, des amis en cours de route nous interrogent sur la foi, le sens de la vie, saurons-nous les accompagner dans leur recherche ? Leur indiquer la marche à suivre ? Ne sommes-nous pas parfois enclins à nous installer et nous satisfaire de ce que nous savons et comprenons ? De nous refermer sur notre monde bien identifié, celui des gens qui nous ressemblent ? N'avons-nous pas tendance à évoquer la foi en termes d'avoir, d'appropriation ? Alors que la foi chrétienne est plutôt une posture d'humilité et de confiance. Etre chrétien, c'est l'ouverture et l'élargissement aux autres, car Jésus est venu pour tous, et pour tous les temps.

En cette fête de l'Epiphanie où Dieu manifeste son Amour pour tous les peuples, toutes les cultures, tous les temps, puisons à la source de la vie qu'est le Christ dans sa Parole et son Pain de vie. Formons avec toutes nos différences une assemblée universelle.

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