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Les billets du Père Lucien Marguet
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20 février 2021

1er dimanche de Carême (année B)

21 février 2021

Genèse 9 8-15 - 1ère Lettre de Pierre 3 18-22 - Marc 1 12-15

 

Le Mercredi des Cendres, jour d’entrée en Carême, l’Evangile nous a invités à faire de ces quarante jours une étape de prière plus intense, de jeûne, c’est-à-dire de maîtrise plus grande de nos sens, et de partage plus large qui nous prive au bénéfice des autres. Carême, une occasion de se convertir, de s’ouvrir davantage aux autres, différents, et de se ressaisir des manettes de la conduite de sa vie, peut-être trop souvent en pilote automatique !....

  

* * * * *

 "Jésus venait d'être baptisé". Jésus a 30 ans. Il va commencer sa vie publique qui durera 3 ans. Son baptême est une étape charnière. Il s'est pleinement immergé dans la condition humaine en vivant le quotidien de Nazareth. A son baptême, Jésus signifie cette Incarnation en étant plongé dans les eaux du Jourdain. Tandis qu'une voix se fait entendre : "celui-ci est mon fils bien-aimé", l'Esprit descend sur Jésus sous forme de colombe pour manifester le lien et le plein accord entre le Père et le Fils. Dans ce qui va se passer, ce n'est pas seulement le Fils qui est concerné, mais Dieu Trinité Père, Fils et Esprit. A l'itinéraire que prend Jésus, Dieu est pleinement associé, présent et participant.

Ce signe tracé entre ciel et terre, il est déjà présent lorsqu'après le déluge un arc-en-ciel symbolise l'alliance entre Dieu et Noé dans son arche, entouré de toutes espèces d'êtres vivants. C'était la 1ère lecture. En effet, comme Noé, premier homme d'une nouvelle création, Jésus est le premier homme d'une génération nouvelle. Jésus ne nous révèle pas seulement qui est Dieu. Il nous révèle aussi le visage humain à devenir et l'homme à faire advenir. "Je mets mon arc au milieu des nuages pour qu'il soit le signe de l'alliance entre moi et la terre".

D'ailleurs, aussitôt ce baptême, c'est encore l'Esprit qui pousse Jésus au désert où il sera tenté d'emprunter un chemin de puissance plutôt que celui, éprouvant et jalonné d'embûches, de l'humain ! L'Esprit Saint qui relie ciel et terre, le Père et le Fils, est aussi celui qui pousse Jésus, homme, à résister aux tentations et à s'engager librement vers la vie publique et l'accomplissement de sa mission. Le désert est un lieu de solitude, de distance du Monde. C'est un lieu où l'on ne trouve que soi. Si on a une vie spirituelle, la faculté et les ressources en soi de contempler, de réfléchir, de discerner, de prier, alors on ne s'ennuie pas ! Sinon le silence nous pèse et le physique ne suit pas ! Le bruit, le monde, les habitudes nous manquent. Ne sommes-nous pas trop dépendants de notre environnement et de nos conditions de vie ? N'avons-nous pas parfois l'impression d'être portés et même emportés par le flot du temps et de la vie qui se déroule ? Or, ce qui caractérise l’homme de façon spécifique, c’est sa capacité de liberté et de responsabilité, son aptitude à prendre du recul. 

 Certes il est des déserts que l'on choisit en s'isolant pour réfléchir, se reconstruire. Mais il est aussi des déserts imposés que la vie nous fait traverser. Les échecs, la maladie, les séparations, la mort, une pandémie virale mondiale... On y perd tout repère, tout sens, et s'embrume l'horizon. De ces déserts-là, temps éprouvants, on en sort plus vivants ou écorchés pour longtemps !

Pour certains, le désert c'est le trajet en voiture le matin et le soir. C'est quelques instants de solitude dans le bureau… C'est une petite marche silencieuse dans la forêt ou les rues de la ville. On peut partout se retirer pour ne se brancher que sur soi et sur Dieu. Dans les entreprises, on parlera de séminaire sur tel ou tel sujet. Ces temps prévus visent à prendre de la distance et à permettre un regain, un renouveau, une cohésion entre tous. "Aller au vert", à la campagne…, prendre quelques jours de retraite… Dans l'Evangile, on voit souvent Jésus se retirer le soir, de très bon matin. Souvent sur la montagne, c'est-à-dire à distance de la plaine, du bas où vit le Monde. La montagne, c'est aussi se rapprocher de Dieu, qui vient d’en haut pour nous rejoindre en bas.

Car si Jésus passe 40 jours au désert, loin de tout et de tous, c'est pour mieux choisir d'être au milieu des gens. La Galilée, c'est la région de la diversité, de la pluralité, de la confrontation des différences. Le Christ n'a pas la vocation monastique de demeurer loin des vivants. Il a reçu la Mission d'être au milieu d'eux. De les inviter à progresser de cœur, d'âme et d'esprit -. "Convertissez-vous" -, et de leur annoncer la "Bonne Nouvelle". Et il ne s'en privera jamais. On le voit très présent et très actif, car, dit-il, "les temps sont accomplis". On comprend qu'avant de commencer sa vie publique et de contacts, Jésus ait eu besoin de se retirer au désert pour faire 40 jours de retraite. Il symbolise ainsi les 40 ans du Peuple hébreu pour se reconstituer à sa sortie d'Egypte. Après 400 ans d'exil, il fallait bien aux Hébreux ce long temps pour reconquérir les habitudes et les lois lui permettant d'être un Peuple libre et digne…

En ce premier dimanche de Carême, il nous est donc rappelé qu'il faut à notre vie ces deux temps indispensables , celui du désert, de l'intériorité, de la vie spirituelle, de la vie personnelle faite de liberté, de volonté, de lucidité, celui du combat intérieur contre toutes les tentations d'abandon et d'aveuglement, contre les addictions, et notre vie qui se déroule en plein monde, avec sa mobilité, ses mutations, ses conditionnements, les dangers (des bêtes sauvages, non domestiquées, agressives) et les pièges, comme autant d’occasions de s'affirmer, de témoigner… Comment tenir debout dans sa vie conjugale, familiale, professionnelle, sociale, et même ecclésiale et croyante, sans prendre du temps et des moyens pour s'asseoir, réfléchir, analyser, prier. Le désert et la Galilée : deux temps qui s'articulent, dans la vie publique de Jésus et aujourd'hui dans la nôtre.

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Commentaires
C
Bonjour , mon ,père : Que signifie, pourquoi le verset : il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient. Sommes-nous les bêtes sauvages ou doit on faire parti des anges ?
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