Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
28 décembre 2021

La fête de la Sainte Famille (Année C)

26 décembre 2021

Samuel 1 20-28 -  1 Jean 3 2-21-24 - Luc 2 41-52

 

Cette petite "explication", confrontation, à laquelle l'Evangile nous fait assister entre les parents, Marie et Joseph, et l'enfant Jésus, montre que l'Incarnation de Jésus n'est pas un artifice, mais une réalité. Jésus a grandi comme tout enfant d'homme. Avec ses étapes de croissance et ses craquements. Marie et Joseph, comme tous les parents, sont quelque peu étonnés d'ailleurs des réflexions et des réactions de leur enfant. Cela est plutôt rassurant d'avoir à contempler une famille exemplaire, mais aussi assez semblable à toute famille humaine.

A propos de la famille, je voudrais évoquer trois points. La famille, lieu de bonheur, plébiscitée par les jeunes générations, après avoir subi le passage à tabac des générations 68. Difficile, éclatée, recomposée, avec mariage ou pas, elle est un lieu décisif pour chaque personne, et un facteur important pour la cohésion et la solidité du tissu social.

La famille est le lieu de la succession des générations et en même temps de leur cohabitation.

Donc, du lieu où passé, présent et futur se côtoient. La famille, lieu de naissance, lieu de distinction, car chacun y trouve et y développe son identité en relation aux autres. Lieu où se développe à la fois l'expérience de la relation, du don et du pardon, de la réconciliation, à la fois par différence et altérité et à la fois par désir d'unité familiale. La famille est un laboratoire d'expérimentation des capacités, de la personnalité, d'épreuves et de probation qui préparent à la vie sociale, à l'autonomie. La famille est le lieu où s'expriment les premières convictions, où s'élaborent les sentiments, se prennent les premières initiatives, quitte à ce que la famille serve de silent block (amortisseur) pour les coups durs…

Mais la famille n'est pas tout !

Jésus lui-même le fait remarquer à Marie et Joseph. Il a une vocation et une mission. L'avenir d'un enfant n'est pas sa famille. Mais de s'insérer dans la société humaine, par une profession et la fondation d'une famille. Toute menace pour la famille est menace pour la société tout entière. Ainsi la famille, loin d'être repliée et de prétendre tout donner aux enfants, doit au contraire avoir souci de leur faire expérimenter la vie sociale. L'école, les mouvements de jeunes, le sport, sont des lieux de confrontation et d'intégration sociale. La maison familiale doit garder portes et fenêtres ouvertes sur le monde. Il s'agit d'apprendre à regarder, discerner, d'accueillir et d'aller vers. La famille n'est pas repliée, mais elle est quand même aussi une possibilité de repli salutaire, de sécurité, de ressourcement de l'esprit et du cœur.

Trop de parents doutent aujourd'hui de leur rôle.

Ils hésitent sur leur responsabilité éducative. Ainsi ce papa qui me confie se sentir disqualifié à transmettre les valeurs auxquelles il croit et qui le font vivre, parce qu'il s'aperçoit que la vie de ses enfants n'a plus rien de semblable à la sienne. "Vous comprenez, eux sont en plein dans la modernité. Ce qu'on croit est-il encore valable pour leur vie ? "

Je me permets alors de leur répondre à peu près ceci : "Les valeurs humaines ne changent pas. Au contraire, de siècle en siècle, elles s'affirment et s'affinent. Le respect, la liberté, le bien, le bon, le vrai, le juste, le courage, l'honnêteté, rien de tout cela ne sera jamais dépassé." Toute civilisation, quelle que soit son évolution, si elle veut favoriser la vie humaine, a besoin de ces valeurs humaines qui viennent de la source et traversent les époques. La famille n'a pas seulement à transmettre les valeurs, elle doit aussi aider à les traduire et les actualiser dans la culture moderne et les modes de vie nouveaux. C'est là tout l'art d'être parents, qui demande patience, confiance et persévérance.

Conclusion

J'entends beaucoup de parents et grands-parents se plaindre qu'enfants et petits-enfants ne vivent pas, religieusement parlant, comme ils ont été élevés. "Pourtant, nous avons fait tout ce que nous pouvions"…

Certes la famille n'a pas pour objectif le clonage. La personnalité, faute de liberté et d'expérience singulière, s'oriente parfois autrement que ce que l'on avait prévu, et en désordre. Faut-il s'en étonner puisqu'il faut du temps pour intégrer les valeurs reçues dans la famille d'origine, dans celle que l'on a soi-même créée et qui vit un autre contexte. Chacun(e) doit trouver sa vocation selon ses capacités et qualités propres, et forger son identité unique.

Permettez-moi de terminer par une image sur la famille et ses racines. On a retrouvé dans les pyramides d'Egypte des grains de blé datant de la période des pharaons. On a semé certains de ces grains qui ont donné du blé. Puisqu'elles ont leur source en Dieu, les valeurs humaines ne meurent pas. La famille est le véritable grenier à grain de la société. Elle est aussi le champ où les semences d'humanité sont semées, germent, sont sarclées et se lèvent en moisson.

 

Priez pour vos familles. Prions pour les familles.

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité